Les pionniers du judo français

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Autres / mercredi 1 juin 2011 / source : alljudo.net


Publié en avril 2011 le livre de Claude Thibault 'Les Pionniers du Judo Français' retrace l'épopée du judo français à travers le témoignage de ses acteurs. Présentation.

A PROPOS DE L’AUTEUR
Claude Thibault est « l’historien du judo français ». Auteur d’une dizaine d’ouvrages sur l’histoire du judo, cet ancien international s’est petit à petit transformé en véritable mémoire du judo.

RESUME
Sous le titre « Les Pionniers du Judo Français » se cache en réalité deux ouvrages, Publié par The book depository, « un million de judoka » paru en 1966 et « Entretien avec les pionniers du judo » publié en 2000. La première partie est donc un historique de la montée du judo en France qui retrace à travers des chapitres thématiques l’âge héroïque du judo français de 1936 à 1965. La deuxième partie rassemble des documents d’époques : résultats, liste des premières ceintures noires, liste des experts japonais venus en France, portrait des pionniers…
La troisième et dernière partie comporte 19 entretiens réalisés avec les pionniers du judo français que sont : Jean Beaujean, Jacques Belaud, Henri Birnbaum, Guy Cauquil, Maxime Chalier, Maurice Cottreau, Jean-Paul Garaix, Jean GiraudJean de Herdt, Jacques Laglaine, Lucien Levannier, Charles Malaisé, Guy Pelletier, Henry Plée, Raymond Sasia, Robert SauvenièreAlain ValinGuy Verrier et Jean Zin


MON AVIS
Il m’aura suffit de quelques jours pour dévorer les 490 pages de cet ouvrage dans lequel je me suis vraiment plongé et qui m’a offert un agréable voyage dans le temps. J’avais déjà eu l’occasion de lire Le Judo, son histoire, ses succès de Michel Brousse et de m’intéresser à l’histoire de notre sport, mais le récit de Claude Thibault est sans doute le plus complet jamais écrit sur le sujet. Il permet de comprendre dans les moindres détails les querelles et les dissidences qui ont émaillé la montée en puissance du judo en France. Il explique notamment comment les catégories de poids ont été imposées alors que la plupart des judokas y étaient opposé, et comment elles ont bouleversé (dénaturé ?) le judo. On découvre également comment, sous l’impulsion de Maître Kawaishi et de ses élèves, la France est devenu la première nation du judo européen et un acteur de premier plan dans le développement du judo au niveau international.

La partie du livre consacrée aux entretiens avec les pionniers, est celle qui m’a le plus captivé. A travers les récits des uns et des autres, on découvre de fortes personnalités, des passionnés pour qui le judo représentait un véritable idéal de vie, et qui se sentent trahis par ce que le judo est devenu. S’ils expriment parfois des regrets, leurs propos ne sont pas nostalgiques, ni passéistes, et certaines de leurs idées sont beaucoup plus modernes qu’on ne pourrait le penser au premier abord. A cet égard, Il est intéressant de souligner que Guy Pelletier préconisait déjà, en 2000, de supprimer le koka. Parmi les idées qui reviennent souvent, plusieurs pionniers comme Lucien Levannier regrettent que les pénalités soient trop présentes, les règles trop nombreuses et trop strictes, permettant ainsi au judoka qui a commis le moins de fautes de l’emporter : « c’est effarant de constater qu’aujourd’hui certains champions du monde et autres stars olympiques remportent une victoire sur une simple pénalité, d’autant qu’il s’agit d’un sport de combat. Parvenir à la gloire sur des pénalités, c’est gagner sur des punitions. »

On pourrait ainsi extraire de nombreuses phrases du livre qui donnent matière à réflexion. A travers le regard et la conception des anciens, on est amené au détour de chaque page à se questionner sur notre conception du judo, sur son organisation, sur ses règles et sur notre manière de l’enseigner. C’est ce que j’ai vraiment aimé. En revanche je trouve dommage que pour cette réédition certains éléments n’aient pas été remis à jour. Ainsi certains des pionniers sont aujourd’hui décédés, mais le livre ne le précise pas. Il aurait également été intéressant de compléter les entretiens réalisés en 2000, par des questions posées en 2011. Heureusement, c’est là le seul défaut de ce livre que je vous recommande vivement d’acheter.

EXTRAITS
J’ai choisi deux extraits qui sont des anecdotes, car c’est l'une des forces de ce livre de retracer la grande histoire, à travers une multitude de petites histoires.
Extrait n°1 : Jeux Olympiques Tokyo 1964, après la défaite de Kaminaga face à Geesink, une revue japonaise écrivait : « La porte des vestiaires est fermée. A l’intérieur tout le monde pleure. Les trois médailles obtenues deviennent sans valeur. Le sport national a été battu, ici, devant le peuple japonais. Dans un coin du Budokan, le père de Kaminaga dit tranquillement : « mon fils ne participera plus aux compétitions ».

Extrait n°2 : Entretien avec Jean Beaujean : « Maître Kawaishi combattait ou acceptait tous les défis. Mais il était fin psychologue. Un jour par exemple il défia n’importe qui portant un sabre, lui à mains nues, dans un combat corps à corps en public. Il ne trouva pas d’adversaire. Il me dit sur le ton de la confidence : « Evidemment qu’il n’y aura personne, les gens ne veulent pas me tuer, ils ne peuvent pas accepter le combat. » Une autre histoire : quand le meilleur lutteur de l’époque vient le défier, il accepta la rencontre mais me demanda, avec son accent et son français inimitables, de faire signer au manager de son adversaire un papier mentionnant : « si vous blessé, estropié ou mort, moi pas responsable. » Effrayé par avance, le lutteur n’a évidemment jamais signé et le combat n’eut pas lieu. »

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Si suite à cet article vous avez lu ce livre, merci de prendre quelques minutes pour laisser un commentaire et enrichir cette critique.



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  • louisgrettell - le 03/06/2011 à 07:52

    Pour répondre à "Budokan": Oui ! les anciens seront mis à l'honneur puisqu'un événement en amène un autre... Après la publication de ce livre, cette même histoire de Pionniers sera racontée pour la première fois sur une scène de théâtre au Trianon (75018) du 23 au 27 août à 20h30 chaque soir des Championnats du Monde. 12 comédiens ceinture noire de judo retraceront cette épopée de 1905 à 1966, dont l'ex-championne Barbara Harel. Parcourez donc le site dédié au spectacle sur http://www.triomphe-lespectacle.fr/ Le tarif réduit est appliqué à tous les judokas ! Je vous y attends tous les soirs après le spectacle pour en discuter. Amicalement. Louis

  • BUDOKAN - le 02/06/2011 à 10:29

    Enfin!! Pour une fois que l'on évoque les pionniers de nôtre sport, on ne va pas se priver. J'ai depuis 10 ans le livre de Claude "entretien avec les pionniers du judo français" et c'est un délice de le lire. J'espère que nos anciens seront mis à l'honneur au moment des championnats du monde en Août. Une pensée pour Jean beaujean;Jacques Laglaine;Maxime Chalier;Guy pelletier qui nous ont quittés ces derniers mois ainsi qu'à Jean de hert.Un grand merci à Luc Levannier qui à l'aube de ses 70 ans de pratique a toujours défendu et su transmettre le judo (avec Jacque Belaud) dans toute sa beauté.Merci à vous tous...

  • AXLEMAN - le 01/06/2011 à 08:23

    Parfait! J'ai hâte de le lire...