Dicko, pour l'exemple

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Équipe de France / lundi 23 octobre 2017 / source : alljudo


Au lendemain d'un championnat du monde catastrophique pour l'équipe de France juniors, nous avons tenté de chercher les raisons de cet échec à travers l'exemple de Romane Dicko.

Défaite face à la future championne du monde
En préambule, nous insistons sur le fait que le propos de cet article n'est pas de pointer du doigt Romane Dicko en particulier. Championne d'Europe junior en titre, championne de France 1e division, brillante lors de la compétition par équipes des championnats du monde seniors, sa défaite au premier tour est forcément un échec, mais elle aurait aussi pu s'incliner face à la future vainqueur, la Japonaise Sone, en finale, et cette défaite aurait eu un autre sens.

Un combat à sens unique
Voir la vidéo du combat Sone-Dicko
La Française avait pourtant l'avantage du gabarit, et aussi celui de l'âge, puisque si elle n'est que juniors 1e année, la Japonaise, elle, n'est encore que cadette. Après une première reprise de garde où son agressivité lui permet d'installer une garde haute -qu'elle ne tente pas d'exploiter- Dicko se retrouve sans solution face au schéma de Sone, qui place son bras gauche à l'intérieur, attaque sur tai-otoshi, et enchaîne avec des tentatives d'osae-komi.

Un combat, des questions
Extrapoler à partir d'un exemple est certes une démarche contestable, mais en se basant sur l'échec de celle qui était l'une de nos plus grandes chances de médailles, on peut tout de même essayer de poser les problèmes. Comme le disait Loïc Pietri, il y a quelques jours dans sa lettre ouverte au comité de sélection : «Il existe sans aucun doute une solution mais seulement si le problème est bien posé».

Les Français sont-ils prêts tactiquement ?
Sur ce combat la Française a été en difficulté sur chacune des attaques de son adversaire et sur chacun des passages au sol, sa défaite est donc tout à fait logique. Elle ne semblait pas préparée au schéma de la Japonaise et elle n'a pas su trouver de solution. En équipes elle s'incline sur l'Allemande Samira Bouizgarne qui l'avait visiblement bien étudiée et qui a su la faire déjouer en lui bloquant son bras droit.

Avait-elle effectué un travail vidéo sur ses principales adversaires ? Lui avait-on opposé en randori des profils identiques à ceux de ses adversaires ? Les consignes de la chaise sont-elle suffisamment claires et précises pour lui permettre de s'adapter aux circonstances du combat ?

Les Français sont-ils au niveau techniquement ?

Sur ce registre la Japonaise a donné la leçon, avec un judo simple, bien maîtrisé et efficace. Une posture droite, une saisie classique, des attaques dans le déplacement latéral. Rien de révolutionnaire, ou de « moderne ». Juste du judo, ni plus ni moins. Elle a également largement dominé les débats dans le newaza, un domaine où nos carences ne sont pas nouvelles.

Christophe Gagliano, Larbi Benboudaoud, Darcel Yandzi, Lucie Decosse... le staff ne manque pas de techniciens confirmés. Pourtant on peut se demander si les judokas français sont armés techniquement pour affronter le niveau international. La technique est-elle mise en avant comme un moyen de gagner ? Consacre-t-on assez de temps à la technique dans la formation des jeunes judokas, et notamment dans les pôles espoirs puis dans les pôles France ?

Les Français sont-ils mis dans les meilleures dispositions psychologiques ?
Il est difficile de répondre à cette question en se basant sur le combat contre la Japonaise. En revanche après son échec en individuel, Romane Dicko n'a pas su rebondir en équipes. Elle dispute deux combats et s'incline à deux reprises.

Il nous a été rapporté qu'entre la fin des compétitions individuelles et le début de la compétition par équipes, les athlètes ont été la cible de propos très durs de la part de l'encadrement. Ce management d'un autre temps, permet-il encore de gagner en 2017 ? Y-a-t-il un véritable encadrement au niveau de la préparation mentale ? Le staff a-t-il des connaissances dans les lois de la dynamique de groupe ?

La France a-t-elle un projet ?
Tandis que les autres grandes nations ont mis en place des projets visant la haute performance, la France donne l'impression d'avancer -ou plutôt de reculer- sans guide et sans boussole. «Au regard des autres nations, le projet de la France c'est le néant». Le commentaire est de Patrick Roux.

Alors qu'en France nous parlons de dureté et de quantité de travail, Kosei Inoue - le head coach japonais - expliquait récemment qu'il initiait ses athlètes à la poterie pour leur enseigner la concentration, la précision du geste, et pour les aider à développer leur propre style. Cela ne signifie bien sûr pas que les Japonais ne s'entraînent pas dans la dureté, mais ils le font avec une vision, qui consiste à gagner grâce à l'excellence technique. Cette vision est incarnée par un homme dont le parcours personnel et sportif, force le respect et l'adhésion de ses athlètes.

Une vision, un projet, un leader charismatique... tout ce qui manque au judo français.

 



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  • HARASAWA - le 24/10/2017 à 11:49

    des judokas qui font la fête alors que les entraîneurs ont été durs dans leurs propos, voilà une belle preuve de j'en foutisme de la part des judokas.

  • judo77200 - le 24/10/2017 à 03:59

    Avez vous l'article qui tourne sur les réseaux sociaux? Apparemment, la veille des championnats d'Europe par équipes, une trentaine de judokas ont fait une grosse fête dans l'hôtel!! Trente quasiment toute l'équipe garçons et filles!! En voilà une belle raison!!!

  • judo77200 - le 24/10/2017 à 03:10

    Effectivement, nous nous sommes enflammés avec les résultats des championnats d'Europe juniors (chez les filles) car pour les garçons on si attendait! Jean Daniel au fond du trou, il n'arrive plus à sortir la tête de l'eau, Macrez trop timide malgré de belles qualités. En 73 et 81 tous encore trop limités pour l'international! En 90kg, Diesse est un grand espoir mais il faudrait qu'il arrête de danser avant une place de 3ème. Et en - 100kg, le russe Germann n'avait malheureusement pas le niveau face au judoka de Mongolie. Comment en 2 semaines peut - il rattraper une préparation de deux mois et des sorties internationales! La fédé aurait du faire confiance à Homo en 100 kg qui vient récemment de gagner le tournoi de Belfort. Ce championnat du monde junior est dans la continuité du championnat du Monde de Zagreb.

  • HARASAWA - le 24/10/2017 à 10:28

    bonjour, cet article est parfait. il explique bien ce dont la France souffre : technique, tactique, pédagogie des encadrants ( cependant : " il nous a été rapporté......", il faut les noms, arrêtons de nous cacher derrière des "il" ), travail au sol. Bref, il manque du judo.pour être entraîneur national, ne faut il pas le BE 3 ? l'ont ils tous ? nous les petits enseignants,on passe les examens ! là j'ai l’impression qu'on balance les athlètes retraités du haut niveau dans le rôle d'enseignant, mais en ont ils les moyens ? Un champion du monde fait il un bon entraîneur ? pas sûr !. moins de musculation et plus de judo, être à l'écoute des problèmes des judokas, parler diététiques, attention à la programmation des entraînements ( personnellement, j'ai trouvé S.L Cysique cramée, impossible d'accélérer perdant au golden score ....), redonner les bons techniciens aux Français, pourtant C. Cagliano est très bon au sol, pourquoi ne pas en faire profiter l'équipe de France. mais aussi pour cela, il faut un projet clairement identifié !!!! oups !Et que souhaite la Fédération pour nos athlètes cadets, juniors et seniors ? la fédération est riche, très riche, que fait elle avec cet argent ? sert il aux judoka ? il y a des conventions de faites mais pas pour tous, certains sont privilégiés tandis que d'autres galèrent. le comité de sélection aussi a ses privilégiés. A quand la neutralité ?bref, il y a du travail. Tous les enseignants qui souhaitent donner un coup de main, qui souhaitent s'investir dans le judo actuel pour apporter des idées, mobilisez vous, faites remonter à la fédération, elle doit savoir que nous sommes là ! A bon entendeur, salut !

  • AXLEMAN - le 24/10/2017 à 10:02

    Très bon article! Toutes les hypothèses sont soulevées...cependant, à mon sens, les entraineurs nationaux n'y sont pas pour grand chose...ils sont là pour "polir"! Ce sont les fondamentaux du judo qui ne sont pas acquis.

  • francoe02 - le 23/10/2017 à 07:24

    Bonjour,Je ne suis pas certain que l'analyse sur un Judoka permet d'avancer, positivement...."Un combat à sens unique" oui, probablement. Sa mise en avant n'a pas arrangé les choses...Il suffit juste d'observer pour savoir comment la bloquer...."Les Français sont-ils prêts tactiquement ?" Çà ne fait pas parti de notre façon d'aborder les choses. Nous y allons pour le sport. Pour avoir eu la chance d'être là, j'ai vu des gosses, bien dans leurs peaux, unis , solidaires et présents les uns pour les autres, respectueux et des accompagnants tenant comptent de ça...L'idée que je me fais de représentants d'une nation saine et fair play. Pour la technique, l'exemple pris ne représente pas l'équipe. Beaucoup sont sur les tapis depuis l'age de 5 ou 6 ans en passant par le cursus PES, certaines fois à l'aise sur un, voir deux mouvements. Parler d'absence de technique est un tort porté aux "techniciens" de clubs et de pôles, a mon sens. En même temps, sont-ils pas avant tout licenciés quelque part ?....."Les Français sont-ils mis dans les meilleures dispositions psychologiques ?".........Pas en lisant ce type d'article( soutenons nos gosses)"La France a-t-elle un projet ? " A mon sens oui, les jeunes judokas sont mis dans les dispositions et conditions pour. Après dans cette discipline, le podium c'est 4 places......A rappeler que nous parlons là d'un art martial (art de la guerre) pas trop d'actualité dans nos contrés...... dispo pour en parler et aider à faire avancer nos bleuets