Sarah Harachi : «Moins fluide si cela avait été le Kazakhstan»

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / mardi 1 juin 2021 / source : alljudo


La jeune maman Sarah Harachi, combat désormais sous les couleurs du Maroc, pays pour lequel elle a remporté son premier titre de championne d’Afrique. Interview.

Bonjour Sarah Harachi, tu viens de remporter le titre de championne d'Afrique des moins de 63kg. Qu'est-ce que tu retiens de cette compétition ?
J'avais besoin d'une compétition de référence. Car je m'entrainais depuis pas mal de temps déjà mais je n'avais pas refait de compétition. Le bilan est très positif, je suis contente car il y a des attaques qui ne sortaient pas à l'entraînement, comme sode-tsuri-komi-goshi, et dès le premier tour j'ai gagné avec cette technique. Du coup je me suis dit c'est bon les sensations sont là. Physiquement je me suis sentie bien également dans cette nouvelle catégorie, même si je suis encore légère (pesée à 60kg la veille).

Du coup tu pourrais encore combattre en moins de 57kg. Qu'est-ce qui a motivé ce changement de catégorie ?
Mon ambition ce sont les Jeux de 2024, et je préfère démarrer tout de suite dans une nouvelle catégorie, même si je sais que je dois encore m'étoffer. Je déjà eu pas mal de pépins physiques et je veux m'épargner, les régimes, les déshydrations. Surtout que maintenant en tant que maman, si j'avais une grosse blessure, ce serait vraiment compliqué à gérer.

Comment s'est décidé ton passage pour le Maroc ?

J'ai été contactée par Christian Chaumont, qui m'a expliqué que si j'acceptais, j'étais libre de m'entrainer comme je voulais, avec qui je voulais. En combattant pour le Maroc j'ai immédiatement accès aux compétitions et aux stages internationaux. En France les places de titulaires sont chères... et les années passent vite. Désormais j'ai ma carrière entre les mains. Si marche tant mieux, et si ça ne marche pas je n'aurais pas de regret. Il n'y aura pas de goût d'inachevé.

Quel est ton lien avec le Maroc ?
Je possède la double nationalité. Avance d'être athlète de haut-niveau je partais deux mois chaque été dans ma famille à Oujda. Donc pour moi la décision de combattre pour le Maroc a été facile. Cela aurait été moins fluide si ça avait été pour le Kazakhstan.

Tu es devenue maman. D'un point de vue physique est-ce que tu te sens changée ?
J'ai gagné en souplesse et en mobilité. Du point de vue hormonal ça a joué dans ce sens. J'ai retrouvé la forme, voir même peut-être mieux. Je fais les choses mieux, je suis plus à l'écoute de mon corps. Avant l'accouchement je me suis entrainé jusqu'à la dernière semaine de grossesse, durant laquelle je faisais encore du vélo d'appartement et du renforcement musculaire, notamment du dos. J'ai découvert également que j'aimais faire du sport pour le plaisir, c'est la première fois de ma vie que je ne m'entrainais pas pour un objectif.

Du coup tu vas disputer les championnats du monde. Avec quels objectifs abordes-tu ce rendez-vous ?
Mon état d'esprit sera le même qu'au championnat d'Afrique. Personne n'attend rien de moi, ce que je veux c'est prendre des repères, et m‘évaluer au niveau supérieur.

Est-ce que tu as pu échanger avec des athlètes marocains, ou d'autres pays africains sur leurs conditions de vie et d'entraînement ?
Oui j'ai beaucoup échangé avec les athlètes de différents pays. On se rend compte qu'en France on est vraiment bien lotis. En Afrique les athlètes n'ont pas de moyens, pas de sponsors, certains ont des difficultés avec leurs fédérations. Il n'y a pas non plus de perspectives, pas de diplômes assurés. Pourtant il y a un vrai potentiel judo, et physiquement ils n'ont rien à envier aux européens mais c'est le contexte qui impacte beaucoup sur leur niveau de performance.


Championnats d'Afrique Seniors 2021

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