Tcheuméo devra se contenter du bronze
Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / jeudi 2 aout 2012 / source : alljudo.net
Audrey Tcheuméo a offert sa sixième médaille à l'équipe de France, une médaille au goût salé. Thierry Fabre s'est incliné dès le deuxième tour.
Les larmes de Tcheuméo
On avait eu les larmes de joie de Lucie, les larmes de soulagement de Gévrise, aujourd'hui se sont des larmes de tristesse qui ont coulé sur les joues d'Audrey Tcheuméo à la fin de son combat victorieux pour le bronze. Elle venait juste de clouer à plat dos la Hongroise Joo sur un monumental ura-nage qu'on pouvait lire sur ses lèvres « ce n'est pas celle-là que je voulais », en faisant allusion à la médaille qu'elle venait de remporter.
Il faut reconnaître qu'après une matinée rondement menée elle avait des raisons d'y croire. Elle avait battu la Canadienne Cotton sur de-ashi-barai (yuko), l'Ukrainienne Pryschepa sur o-soto-gari (ippon) la Chinoise Xiuli Yang, championne olympique en titre, sur sumi-gaeshi (wazari), et elle se retrouvait en demi-finale conter l'inattendue Anglaise Gibbons, l'affaire sentait plutôt bon. C'était sans compter sur la détermination sans faille de cette Anglaise, montée de catégorie en début d'année pour pouvoir disputer les Jeux, et véritablement « on fire » devant son public.
Dans un premier temps Gibbons résistait à la puissance de Tcheuméo, avant de la cueillir durant le golden score sur un harai-goshi qui brisait les rêves de victoire olympique de la Française. Après ce combat d'une rare intensité, la judoka de Villemonble, très touchée moralement, réussissait néanmoins à se faire violence pour aller chercher le bronze, puis dans la foulée elle profitait des caméras de télévision pour donner rendez-vous à ses adversaires à Rio dans quatre ans.
la défense en questions
Thierry Fabre était condamné à l'exploit pour sortir d'un quart de tableau dense, où chaque combat s'annonçait difficile. Après un premier tour remporté au golden score, grâce à deux shidos, contre le solide Egyptien Darwish l'impression était bonne. Cela se confirmait sur le début de combat face au champion olympique en titre le Mongol Naidan, durant lequel Fabre faisait jeu égal dans le combat debout. Malheureusement tout allait basculer sur un passage au sol a priori anodin. Au lieu de chercher à vite se relever, le Français se recroquevillait en défense et il laissait le Mongol démarrer son travail en ne-waza. Celui-ci passait les jambes, puis retournait un Fabre complétement passif, avant de dégager sa jambe et d'immobiliser le Français. Rageant et symptomatique de l'absence de travail au sol chez les Français depuis le début de ces Jeux.
1e titre olympique pour les USA
« I'm so proud of you, you are the best » Jimmy Pedro, l'ancien judoka américain peut effectivement être fier du chemin parcouru avec Kayla Harrison : championne du monde en 2010, médaillée mondiale en 2011 et désormais première judoka US à remporter un titre olympique. Elle a eu un peu de réussite face à Abigel Joo puisque menée wazari, elle est parvenue à l'emporter profitant de la blessure à la jambe de la Hongroise. Mais elle a surtout une le mérite de battre nettement la Brésilienne Ayguiar sur ko-uchi-gari (ippon), et d'éteindre l'incendie Gibbons dans une finale maîtrisée de bout en bout et remportée grâce à deux yuko. A 22 ans elle a déjà le plus beau palmarès d'un judo américain que l'on ne regardera certainement plus du même œil après ces Jeux.
Khaibulaev, le « russo-japonais »
A l'instar de Kayla Harrison, Tagir Khaibulaiev a bénéficié d'un petit coup de pouce du destin pour décrocher son premier titre olympique. En quarts de finale, il est mené yuko, malmené au kumi-kata par le géant Lukas Krpalek, et il reste une quarantaine de secondes. C'est le moment que choisit le Tchèque pour se lancer dans un travail au sol assez hasardeux. Le Russe l'enroule, l'immobilise en ushiro-geza-gatame, faisant respecter in extremis son statut de favori. Dès lors plus rien de l'arrêtera. Il remporte ensuite sa demi-finale aux drapeaux contre l'Allemand Peters puis, en finale, il nous offre l'un des plus beaux pions de la semaine face au Mongol Naidan. Malgré le petit gabarit et la posture cassée de ce dernier, il réussit au prix d'un bel effort à se jeter à genou dans ses jambes, puis à se relever pour un morote-seoi-nage d'anthologie, « à la Japonaise », qui fait se lever le public. Le président russe Vladimir Poutine, présent dans les tribunes, n'est pas le dernier à manifester sa joie.
Avec son petit gabarit, ses seoi-nage et son travail en ne-waza, Tagir Khaibulaev est certainement le plus Japonais des combattants de cette équipe russe, qui quoiqu'il arrive demain terminera première chez les garçons.
Grol toujours à la recherche de son 1e titre
Troisième comme à Pékin il y a quatre ans, le Néerlandais Henke Grol, qui est également deux fois vice-champion du monde, n'a toujours pas remporté son premier grand titre. Pourtant aujourd'hui il y avait dans son judo les ingrédients pour aller au bout comme en témoigne son uchi-mata sur Krpalek en finale de repêchage ou son uchi-mata gaeshi sur le Coréen Hwang en place de 3e. Mais comme toujours il a perdu un combat, cette fois-ci sur l'Allemand Peters, auteur par ailleurs d'une belle journée, mais qui reste une judoka à sa portée, et contre lequel il s'était imposé trois fois en trois rencontres. A 27 ans, Grol n'a plus de temps à perdre, car il est peut-être en train de passer à côté d'une carrière qui pourrait être encore plus grande encore.
La Russie a presque gagné
Pour que la Russie ne termine pas en tête du tableau des médailles, il faudrait que Japon, la France ou le Brésil réalise un doublé demain dans les catégories lourdes, ce qui semble quasiment impossible. Si la logique est respectée, avec une victoire de Riner chez les garçons et de Tong chez les filles, le Japon terminera ses Jeux à la quatrième place, une véritable déconvenue pour les judokas du pays du soleil levant.
Revivez le parcours des Français tour par tour
Les résultats des Jeux Olympiques 2012 de judo
Le tableau des médailles
Content de voir (enfin) une remarque sur l'absence totale de travail au sol de la part de l'EDF... A part Ugo contre Elmont, il n'y a eu AUCUNE tentative alors que les ouvertures sont assez nombreuses avec toutes ces fausses attaques à genou. On a vu hier qu'en défense c'était vraiment pas ca non plus avec Fabre ou Tcheuméo (qui semblait perdue lorsque ses adversaires la tenaient entre leurs jambes)... C'est d'autant plus étrange lorsque l'on connait la qualité de JP Gibert en ne waza...