Nicolas Brisson : "une compétition de rêve"

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / jeudi 18 juin 2009 / source : alljudo.net


Vainqueur à Tallin (EST) du premier World Cup de sa carrière, Nicolas Brisson revient sur sa performance. Interview.

Bonjour Nicolas, est-ce que tu peux nous décrire ton parcours victorieux à Tallinn, ce week-end ?
Au premier tour je prends un Finlandais, je marque yuko sur kataguruma puis ippon sur uchimata, en deux minutes. Cette première victoire, même s’il s’agissait d’un adversaire sans référence international, m’a fait du bien, elle m’a rassuré après deux compétitions où je venais de me faire sortir au premier tour (Moscou et championnats d’Europe).
Ensuite je rencontre l’Ukrainien Grekov, un très bon judoka, très expérimenté et triple champion d’Europe. Je l’avais déjà rencontré quatre fois et il m’avait battu à chaque fois. Je me suis tout de suite senti bien sur les mains et j’ai fait attention à ne pas me livrer sur o-soto-gari à gauche car je sentais qu’il m’attendait là-dessus. Je marque un premier wazari sur morote à droite, une technique que je ne fais jamais mais que j’avais travaillé cette semaine à l’entraînement, puis je marque un deuxième wazari sur koshi-guruma.
En demi-finale, je rencontre Bagnoli, un Italien pas très connu, qui venait de gagner Tunis en remportant tous ses combats par ippon. Gaucher comme moi, il ne m’a pas trop gêné physiquement mais je me méfiais de sa vivacité. Je prend shido, puis yuko sur sumi-gaeshi, avant de marquer un premier wazari sur kataguruma, puis je conclut le combat en le contrant en o-soto sur o-soto.
En finale, je me retrouve face à Iliadis qui m’avait déjà battu deux fois, mais à chaque fois dans les derniers instants du combat. Dès le début je l’ai trouvé encore plus puissant qu’avant. Dès que je montais ma main gauche, il parvenait à la descendre et je n’ai jamais pu m’installer. Du coup j’ai essayé de lancer à une main, mais sans être efficace et je me suis fait pénaliser. A 50 secondes de la fin, après qu’il ait une nouvelle fois repoussé ma main gauche, je lance ko-soto-gari en reprise de garde, et je marque ippon.
J’étais vraiment très, très content. C’est la compétition que l’on rêve de faire, des ippons sur adversaires forts, et au bout une victoire dans un World Cup dont le niveau valait bien un Grand Prix voir un Grand Chelem.

Qu’est-ce qui a changé par rapport à ces dernières semaines et ces derniers mois durant lesquels tu as parfois eu du mal à t’exprimer au niveau international ?
J’ai une année très chargée avec mon stage de fin d’études depuis six mois (ndlr: Nicolas est école de commerce), le judo et, dans les semaines à venir, la recherche d’un emploi compatible avec le haut-niveau. Après Moscou, je me suis accordé du repos, j’ai allégé mon programme d’entraînement. J’ai également modifié la façon de descendre au poids, maintenant je descends à 89 kg deux jours avant la compétition, ainsi la veille je peux manger correctement et me libérer de la contrainte psychologique engendrée par le régime.

Combien de poids perds-tu pour chaque compétition ?
Je perds entre 3 et 4 kilos. Cela n’a bien sûr rien de comparable avec les moins de 60 kg qui perdent 5-6 kg, mais cela me demande tout de même des efforts car je suis longiligne et je n’ai pas beaucoup de gras à perdre. Et puis la répétition régulière des privations est toujours une contrainte, surtout mentalement.

Les athlètes présents à Tallinn avaient été envoyés par leurs clubs. Est-ce que les clubs avaient également envoyé des coachs ?
Nous étions trois athlètes de l’ACBB, et il y avait deux combattants du Lagardère Paris Racing, deux de Nice Judo, et un de Sartrouville, mais seule l’ACBB avait envoyé un coach, Stéphane Brégeon. L’ambiance entre nous tous a été excellente, nous nous sommes beaucoup parlés, soutenus, encouragés. C’était très différent de l’ambiance qu’il y a avec l’équipe de France ou chacun à plus tendance à rester dans son coin. Les entraîneurs de l’Equipe de France nous mettent une pression supplémentaire qui, à mon avis n’a pas lieu d’être. Là c’était plus détendu et ça a bien marché. Je ne me rappelle pas que les Français aient réussi un aussi bon résultat en tournoi (4 or, 2 argent) au cours des dernières années.

Quel est ton programme pour les prochaines semaines ?
Je suis un peu surpris de n’avoir été retenu ni pour Rio, ni pour les Jeux Méditerranéens, ni pour les Universiades. Faute de compétition je vais me consacrer aux stages, il y en a un juillet, puis la préparation pour les championnats du monde au mois d’août. Je vais attendre de voir si je suis sélectionné pour les mondes, sachant que Matthieu Dafreville est out pour 6 ou 7 mois, car il vient juste de se faire opérer.


Le CV de Nicolas Brisson

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