Christian Chaumont : « amener les athlètes au haut-niveau »

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / vendredi 5 juin 2009 / source : alljudo.net


Le directeur technique du Levallois SC Judo évoque pour alljudo.net le fonctionnement de son club, les transferts, ses athlètes, et les rapports clubs/Equipe de France. Interview.

Bonjour Christian, tu es le directeur technique (responsable des équipes de haut-niveau garçons et filles) au Levallois SC judo. Avec qui et comment partages-tu les tâches au niveau de l’entraînement ?
Je travaille avec Christian Vachon et Magali Baton. Christian a la charge des juniors, des seniors 2e division, et de ceux qui font le yoyo entre la 1e et la 2e division. Magali travaille avec moi sur la préparation des athlètes qui sont en équipe de France, les numéros 1, 2 ou 3 français.

Quelle est l’organisation des entraînements ?
Il y a des séances de randoris le lundi et le mercredi, et tous les athlètes doivent être présents le mercredi. Ce jour là on effectue, en plus des randoris, une séance de technique dont les contenus évoluent en fonction de ce que j’observe. L’idée c’est d’amener de la variété dans le judo de nos athlètes, de leur permettre d’étoffer leur palette. On consacre également beaucoup de temps au travail sur les mains, à la prise de kumi-kata. Ensuite il y a deux créneaux, le lundi matin et le jeudi matin, où on effectue un travail technique individuel. Les athlètes viennent en petit groupes, parfois par deux, pour effectuer un travail personnalisé. Christian Vachon travaille également en musculation avec les jeunes, et parfois, les athlètes du haut-niveau se greffent sur ses séances.

Depuis plusieurs années Levallois a toujours eu de bons résultats lors des championnats par équipes, avec des athlètes qui semblent très impliqués ?
Avec Roger Vachon nous attachons beaucoup d’importance à la notion de groupe. Nous essayons de leur inculquer cet esprit et cela passe par l’organisation de week-end, de fêtes. Cela fonctionne car nos athlètes se côtoient aussi en dehors du tapis. Ensuite, lors des compétitions par équipes, ils ont envie de gagner ensemble, de partager un moment fort. Cela dit nous ne somme pas le seul club à fonctionner comme ça, Sainte-Geneviève, par exemple, me semble être dans cet état d’esprit.

Levallois est un club qui recrute beaucoup. Quels sont vos critères de recrutement ?
En fait nous recrutons des étalons plus que des champions, c’est-à-dire que nous prenons des athlètes en devenir, avec un fort potentiel, et nous les essayons de les amener au plus haut-niveau. Matthieu Dafreville on l’a pris au début des sa carrière à haut-niveau, pour Gévrise Emane c’est pareil, Matthieu Bataille a remporté ses médailles mondiales avec nous. Le seul qui est arrivé chez nous avec un statut de champion, c’est Benjamin Darbelet. Et encore, il avait déjà été champion d’Europe, mais il n’avait jamais remporté de médaille mondiale avant son arrivée à Levallois. On essaye de repérer les jeunes athlètes qui ont du talent et du mental, on ne se base forcément sur les résultats. Par exemple on a pris Shirley Elliot qui sortait des rangs juniors après avoir raté son année de juniors 3.

Y-a-t-il une concertation avec les professeurs des jeunes athlètes que vous recrutez ?
J’ai essayé de le faire au début, mais cela n’a pas fonctionné. La plupart des professeurs ont du mal à accepter le départ de leurs élèves, on sent tout de suite une retenue. Maintenant je passe directement par les athlètes, je pars du principe que s’ils acceptent de venir chez nous, c’est que quelque part ils avaient déjà envie de quitter leur club. C’est un peu dommage, mais ce qu’il faut comprendre c'est que nous, nous ne faisons pas de la formation, nous faisons du haut-niveau. Nous avons une structure, un staff, une organisation et des moyens pour amener les athlètes au haut-niveau. Cela est complémentaire des clubs qui, partout en France, forment des judokas et le font bien. Nos succès, ce sont aussi ceux des professeurs qui ont formé nos judokas.

Qu’en est-il du recrutement de Teddy Riner, annoncé dans l’Equipe cette semaine ?
C’est délicat de parler de ça maintenant, l’information est sortie trop tôt. Ce que l’on peut dire c’est qu’il y au eu un contact avec Teddy Riner, et que sur le plan sportif, notre projet, notre fonctionnement, lui conviennent. Maintenant, cela se passe au-dessus de nous, il y a des discussions entre son avocate et la Ville de Levallois.

Penses-tu que l’arrivée d’un nouveau staff au niveau fédéral, avec des gens comme René Rambier ou Martine Dupond qui ont entraîné en club, va permettre de renforcer la collaboration entre les clubs et l’équipe de France ?
Déjà, depuis un an il y a eu une amélioration, les choses évoluent dans le bon sens. La présence dans le staff de gens qui ont entraîné en club devrait permettre de continuer dans cette voie. Nous avons un intérêt commun, c’est celui de faire progresser les athlètes, et il faut donc que le rôle des clubs soit pris en compte. Nous, les clubs, nous sommes là pour soutenir les athlètes, dans tous les sens du terme…

Vous avez-eu énormément de blessés cette année à Levallois. Y-a-t-il une raison à cela ?
Effectivement nous avons eu douze blessés. C’est difficile de trouver des raisons car nous avons fait la même chose que les saisons précédentes. De plus les blessures n’ont pas eu lieu au club, mais plutôt lors de stages. Je crois que le sort s’est un peu acharné contre nous cette année, et il ne faut pas forcément chercher des responsables. S’il y a une hypothèse à émettre c’est qu’il y a peut-être trop de travail physique, mais ce n’est qu’une hypothèse.

Gévrise Emane disputera le prochain Grand Chelem de Rio en -63 kg. Comment a-t-elle mûri cette décision ?
Déjà lorsqu’on a vu qu’elle était blessée pour le tournoi de Paris on savait que se serait très difficile pour elle si Lucie Decosse l’emportait, ce qui a été le cas. Ensuite elle est sortie en Allemagne avec seulement six jours de judo, et malgré cela elle perd de peu contre Watanabe, mais pour la sélection c’était déjà trop tard. Ensuite elle a enclenché une mauvaise spirale, car elle n’a pas la mentalité pour être la numéro 2. Donc sa décision de changer de catégorie à germé doucement au fil des semaines. Elle a commencé à manger différemment, sans faire de régime, et elle a perdu du poids, ce qui nous a convaincu qu’elle pouvait descendre à 63 kg. Mais c’est un vrai défi, car son poids de forme est à 69 kg, et elle a déjà un taux de masse grasse très bas. Maintenant elle va essayer de disputer les prochains championnats du monde dans cette catégorie là, et pour la suite on verra.

Après avoir disputé plusieurs tournois en 73 kg, Benjamin Darbelet a choisi de disputer les prochains championnats du monde en 66 kg. Est-ce que cela était prévu ?
Oui, tout à fait. Dès le début de la saison c’était son objectif de disputer les championnats du monde en 66 kg, mais comme il ne voulait pas s’user à faire des régimes il avait choisi de faire la saison en 73 kg. Après les championnats du monde on fera le point, pour savoir s’il envisage de monter définitivement en 73 kg. Compte tenu de sa puissance et des problèmes qu’il peut poser à des moins de 81 kg à l’entraînement, cela paraît envisageable.

Pour finir je vais te demander un petit pronostic : parmi les judokas de Levallois, quels sont ceux qui te semblent les mieux armés pour décrocher des médailles mondiales dans les deux-trois ans à venir ?
Chez les filles je citerai Laetitia Payet, Emmanuelle Payet, Gévrise Emane biensûr, Lucie Louette et Automne Pavia qui sera rapidement parmi les toutes meilleures. Il y a également Jessy Florentin pour qui cela peut aller très vite. Chez les garçons il y a Alain Schmitt, Matthieu Daffreville, Benajmin Darbelet et Cyrille Maret. On va également surveiller le retour de blessure de Jordan Amoros qui, si cela se passe bien, aura une carte à jouer.



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