Anne-Sophie Mondière : objectif Pékin

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / mercredi 4 octobre 2006 / source : alljudo.net


Devenue en quelques années le symbole de la 'petite' qui triomphe contre les 'grosses', Anne Sophie Mondière revient sur sa carrière, ses joies, ses peines et l'objectif qui va guider ses deux prochaines saisons : les Jeux Olympiques de Pékin.

Quelles sont les grandes étapes de ton parcours de judokate ?
J’ai débuté le judo à 10 ans à l’AJ Loire avec M. Cateland, et 6 ans plus tard je remporte la médaille de bronze aux championnats de France juniors. Suite à cela je rentre au pôle espoir de Lyon avec Arnaud Perrier et je remporte mon premier titre national en junior ce qui me permet de rentrer à l’INSEP. Là je travaille beaucoup avec Guy Delvingt et je remporte de nouveau le titre en junior en 1997, lors de ma dernière année junior. 1999 est une année très importante durant laquelle j’intègre le club de Pontault-Combault qui vient de créer une section haut-niveau féminin dirigée par Cécile Nowak, et cette même année je fais 3e au tournoi de Paris. En 2000 je vis une saison difficile puisque les médecins détectent une malformation au niveau de mes vertèbres cervicales et que, suite à cela, je n’ai plus le droit de pratiquer le judo. Pendant 6 mois je me bat pour pouvoir retrouver le tatami en j’obtiens gain de cause avant d’effectuer un retour victorieux lors des championnats de France 1e division –en novembre 2000- que je remporte pour la première fois. 2001 marque une nouvelle étape puisque je suis sélectionnée pour les championnats d’Europe qui se disputent à Paris et, pour la première fois, à Bercy. Barrée en moins de 78 kg par Céline Lebrun les entraîneurs me proposent, environ un mois avant la compétition, de combattre en open. J’accepte, et je m’entraîne comme une malade, avant de vivre le plus beau souvenir de ma carrière : troisième pour ma première participation européen, coachée par Cécile Nowak, à Bercy, tout y était l’excitation, la performance, le plaisir. En revanche j’ai vécu avec beaucoup de difficulté ma non sélection pour les Jeux de 2004, et mes deux médailles mondiales de 2005 n’ont pas effacé mon amertume. Je tiens d’ailleurs à préciser que l’épisode douloureux d’Athènes ne m’a pas donné la rage pour réussir mes podiums mondiaux, comme certains me l’ont dit. J’étais aussi forte en 2004, peut-être même plus forte.

A quel moment tu as senti que tu allais pouvoir faire du très haut niveau ?
En 2001, lorsque j’ai appris que j’étais sélectionnée pour les championnats d’Europe j’ai alors tout de suite pensé qu’un jour j’irai aux Jeux Olympiques.

Est-ce que tu fais beaucoup de musculation pour pouvoir t’opposer à des adversaires plus lourdes que toi, ou tu mises uniquement sur ta mobilité ?
Au départ lorsque je suis passé des - 78 kg aux +78 kg j’ai effectué des périodes de musculation très intensives, essentiellement la première année. Actuellement je pense que vais m’y remettre, j’en ai besoin pour pouvoir exprimer pleinement mon judo.

Deux fois 3e lors des derniers championnats du monde (+78 kg et open) est-ce que tu analysé ce qui t’avais manqué pour décrocher un titre ?
Au vu du tableau je pense que le coup était plus jouable en toutes catégories, ou j’aurai pu retrouver Shintani en finale, une combattante qui me convient assez bien. Maintenant je perd deux fois contre Bryant, j’ai sans doute un peu trop attaqué. Ce qu’il me faut pour remporter un titre mondial c’est arrivé le jour J en connaissant des solutions pour chacune des adversaires que je peux rencontrer.

Après une victoire comme celle obtenue lors des championnats du monde par équipes il y a 15 jours, on a plutôt envi de souffler ou au contraire cela renforce la motivation pour retourner tout de suite s’entraîner ?
Je ressens une grosse sensation de fatigue. Je constate que de plus en plus après les grand rendez-vous j’éprouve le besoin de me reposer et je sais, qu’à terme, il faudra que je fasse une pause dans ma carrière pour me ressourcer.

Est-ce que cette victoire de la France va donner un petit avantage psychologique aux Françaises lors des prochains championnats individuels ?
Oui, cette victoire, et la manière avec laquelle elle a été obtenue, mettent forcément un petit coup de pression sur nos adversaires. L’autre avantage c’est qu’elle renforce encore plus notre groupe et les individualités devraient tirer profit de cette force collective.

A titre personnel quels sont tes prochains objectifs ?
Les Jeux Olympiques. Bien sûr, avant il y a les «Europe» et les «Monde» mais dans ma tête ces deux rendez-vous constituent des étapes avant Pékin.

Tu t’es fixé une date pour la fin de ta carrière ?
Actuellement je me vois bien allé jusqu’en 2012. Mais pour cela il faudra que je fasse une grosse coupure après 2008.

Quelle est l’adversaire la plus forte que tu as eu l’occasion de rencontrer ?
Je vais plutôt dire celle qui m’a le plus traumatisé, c’est l’Allemande Sandra Koppen. Elle me bat à chaque fois, elle aime bien les gauchères, elle fait mal, elle me fait peur. J’avais un peu le même sentiment avec la Russe Donguzaschvili et puis je l’ai battu et maintenant ça va mieux.

Quels sont tes champions de judo préférés ?
Cécile Nowak, est la championne que j’admire le plus. La première championne olympique française, la première que j’ai vu à la télé, et j’ai la chance qu’elle soit devenue mon entraîneur.

Et dans les autres sport ?
J’aime beaucoup Grégory Coupet. Je partage, tout de moins je comprend, la frustration qu’il a du vivre durant la Coupe du Monde, j’ai connu cela. J'ai beaucoup aimé également André Agassi.

Le judo français vient de vivre plusieurs saisons difficiles au niveau des résultats, mais depuis les championnats d’Europe et les championnats du monde par équipes cela semble repartir. Avec un peu de recul à quoi tu attribues ce passage à vide ?
Ce dont je peux parler c’est de la préparation de 2004. A mon avis c’était trop verouillé, tout était programmé et les athlètes se sont sentis comme dans une cage. Après, dans ce contexte, ils ont eu du mal à se libérer sur le tapis. J’ai également ressenti, de la part du staff, une appréhension de la compétition.

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes judokas qui sont dans les clubs ou dans les pôles espoirs et qui veulent faire du judo de haut niveau ?
Tout d’abord il faut être sérieux : travailler, faire attention à son hygiène de vie, son alimentation, son sommeil. Ensuite il faut continuer à prendre du plaisir dans sa pratique, en abordant le judo comme un jeu, sous un angle ludique.

En conclusion quel message aimerais-tu faire passer ?
Je voudrais juste parler d’une association qui s’appelle Rêves et dont je suis la marraine. Cette association vient en aide aux enfants atteints d’une maladie au pronostic incertain en les aidant à réaliser leurs rêves. J’essaye de les aider à récolter des fonds et à faire de la promotion. Par exemple, dans quelques jours – le mercredi 4 octobre - une vente de mes kimonos de judo et de mes articles de l’équipe de France va avoir lieu à Trévoux (69) et l’argent récolté sera reversé à l’association.

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