Cyril Soyer : 'J'ai raccroché après Branschweig'

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / mercredi 14 janvier 2009 / source : alljudo.net


Absent des championnats de France par équipes, on pensait voir Cyril Soyer tenter de remporter son quatrième titre de champion de France, dix ans après le premier. En réalité il avait déjà raccroché depuis quelques mois, discrètement...

On a appris cette semaine que tu avais choisi de raccrocher. Qu’est-ce qui a motivé ta décision ?
En fait j’ai annoncé ma décision à l’encadrement de l’équipe de France après Braunschweig, lors de l’annonce des sélections olympiques. Je savais au fond de moi depuis un moment, que 2009 serait l’année pour arrêter, que je sois, ou non, sélectionné pour Pékin. J’ai donc participé à la préparation olympique, puis en septembre je n’ai pas repris le chemin de l’entraînement. Après dix ans de haut-niveau je ressentais une lassitude, je n’avais plus la même envie de m’entraîner deux fois par jours, de faire les régimes. En plus, la catégorie des moins de 60 kg est très éprouvante, et, sans doute à cause des régimes, je me blessais de plus en plus souvent. Tous ces éléments m’ont incités à arrêter.

Est-ce que la mise en place du nouveau règlement, qui devrait favoriser le judo classique, t’as donné envie de poursuivre encore un peu ?
C’est vrai que j’arrête au mauvais moment, car le règlement devrait favoriser ceux qui se tiennent droit. En moins de 60 kg l’évolution a été considérable entre 2000 et 2008, avec des judokas de plus en plus cassés, qui sont très difficiles à faire tomber. Mais après avoir lutté pendant dix ans pour être le numéro français, je ne me voyais pas m’entraîner moins et combattre pour les places d’honneur, ça ne m’intéressais pas.

Comment envisages-tu ta reconversion ?
Je suis titulaire d’un Brevet d’Etat de judo et d’un BEESAPT. Cette année je donne des cours de judo et des cours de sport. J’ai également quelques interventions de prévues dans ma ligue d’origine, la ligue des Pays de la Loire, où j’ai gardé de très bonnes relations. Pour l’instant je ne suis pas fixé sur mon avenir, je prends le temps de voir et de couper un peu avec le judo.

Quels sont les faits marquants que tu retiendras de ta carrière ?
Au rayon des mauvais souvenirs, il y a ma non-sélection pour les Jeux de 2004, alors que c’est moi qui avais ramené le quota. Ce fût un moment difficile, mais j’ai la satisfaction de m’être relevé de cette épreuve. J’ai su revenir à mon meilleur niveau et je garde en tête la troisième place obtenue lors de la coupe du monde par équipes à Paris en 2006. C’est sans doute le meilleur moment de ma carrière, car c’est une émotion collective, on était une vraie bande, on n’était pas favoris et puis on bat le Japon, et on décroche le bronze. A titre personnel, ce jour là je dispute tous les combats et je bats Nomura, c’était un moment fort.
Globalement j’ai quand même un petit goût d’inachevé… Je n’ai jamais disputé les Jeux et je perds la finale européenne de 2001 alors que j’aurais du la gagner. Ceci dit j'ai vécu dix ans exceptionnels durant lesquels j’ai voyagé et j’ai pratiqué mon sport. Au niveau émotionnel je ne revivrai sans doute pas ça dans ma vie de tous les jours.

Tu parles de ta victoire contre Nomura. Est-ce le plus grand judoka que tu as rencontré ?
Pour moi le numéro un c’est lui, et pour plusieurs raisons : il sait tout faire, son palmarès est exceptionnel, et il parvient à durer dans une catégorie où c’est difficile à cause des régimes. J’ai d’ailleurs entendu dire qu’il avait décidé de continuer. Pour avoir fait souvent randori avec lui, c’est quelqu’un qui fait vraiment judo.

Quel est ton pronostic en moins de 60 kg pour les championnats de France qui ont lieu ce week-end à Coubertin ?
Si Dimitri Dragin combat, je pense qu’il est le favori. En plus il n’a encore jamais été champion de France et ça devrait le motiver. Jérôme Guyot, je ne sais pas s’il combat, je crois qu’il est blessé. Sinon on devrait voir débarquer les jeunes comme Farid Ben Ali, Sofian Milous, Rémi Vinolo ou d’autres. Je pense que la catégorie va se renouveler, même si un combattant comme Issam Nour peut également tirer son épingle du jeu.



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