Interview de Christian Derval

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / jeudi 3 aout 2006 / source : alljudo.net


Le pionnier du jiu-jitsu brésilien en France, retrace pour alljudo.net, son parcours, sa rencontre avec Rickson Gracie, et l'évolution de cette discipline en plein essor.

Bonjour, pouvez en quelques mots nous retracer votre parcours de judoka ?
J'ai commencé le judo en 1961 et très vite je me suis intéressé à l'enseignement. A 16 ans, j'ai obtenu ma ceinture noire et j'ai pris l'habitude de seconder régulièrement mon professeur. Puis j'ai obtenu mon brevet d'état en 1973 et pendant 20 ans j'ai enseigné à l'US Créteil. Durant cette période je n'ai que très peu enseigné le jujitsu. Je considère d'ailleurs que le jiu-jitsu brésilien est une pratique qui s'apparente plus au judo qu'au jiu-jitsu, même s'il comporte toute une partie liée à la défense personnelle.

Comment avez-vous découvert le jiu-jitsu brésilien ?
En 1993, Christian Tissier me présente une vidéo de l'un des premiers combats d'Ultimate Fighting sur laquelle on voit un Brésilien gagner en newaza en utilisant des techniques de judo. Deux ans plus tard je reçois un appel de Pierre Yves Benoliel, le rédacteur en chef de Karate Bushido, qui cherche une salle sur Paris pour accueillir Rickson Gracie. J'accepte et le stage est un succès puisque 400 personnes sont présentes dont plusieurs haut-gradés en judo. Ce jour là je découvre une méthode vraiment impressionnante qui n'a rien à voir avec le newaza tel que je l'enseignais à l'époque. L'année suivante, en 1996, je pars au Brésil assister aux premiers championnats du monde, et j'en profite pour m'entraîner avec les Brésiliens qui me dominent allègrement lors des entraînements. Je suis finalement amener à participer à la compétition et je me classe 3e derrière un Brésilien et un Allemand. C'est une performance qu'il faut relativiser par le fait que seulement deux Brésiliens étaient autorisés à combattre et que le deuxième, allait se blesser en quart de finale.

En 1997 je fais venir le double champion du monde Soneca, pendant un mois à Paris, puis durant l'été je me rend à New-York où Rickson Gracie me fais passer ma ceinture bleue - l'équivalent du 1e dan en judo -. En novembre 1997 je participe à un stage à Toronto au cours duquel Rickson Gracie me nomme représentant de son école pour l'Europe. Pendant trois ans je vais vivre une collaboration fréquente et riche avec Rickson et je vais commencer à développer le jiu-jitsu brésilien en France notamment au sein du Cercle Tissier. Malheureusement en 2000 nos relations vont se dégrader, en grande partie à cause de son entourage, et je décide de me séparer de son école pour développer ma propre méthode. J'avais déjà constaté qu'en dépit d'une immense connaissance technique, il n'avait pas établi de progression précise, ni de système d'enseignement, que l'aspect martial était dénigré et que certains éléments de sa méthode n'étaient pas applicables en Europe comme les clés et les étranglements chez les enfants.

Depuis 2000 vous développez votre propre méthode ?
Suite à la séparation avec l'école Rickson Gracie j'ai commencé à travailler avec un autre expert, Flavio Behring (8e dan), dont les conceptions sont plus proches des miennes, notamment concernant le respect et l'attitude que l'on se doit d'avoir sur un tapis. Mon travail ne s'est pas limité à la technique puisque j'ai fondé une fédération de jiu-jitsu brésilien, avec une progression et une école des cadres.

A quand remontent les premiers contacts avec la FFJDA ?
Les premières discussions ont eu lieu en 2002, mais l'intégration du jiu-jitsu brésilien au sein de la fédération a un peu traîné, même si le contact n'a jamais été rompu puisque j'ai été invité sur des stages à l'initiative d'Eugène Domagata. Cela m'a donné l'occasion d'intéresser Patrick Roux, qui a tout de suite accroché, puis l'information a circulé parmi les cadres techniques. Mais la date marquante c'est le 21 mai 2006, lorsque suite à notre rencontre, Jean-Luc Rougé, le président de la FFJDA, a donné son accord pour le développement d'une activité de type newaza dit « brésilien » et qu'une commission nationale newaza a été nommée au sein de laquelle figurent plusieurs jiu-jitsukas brésiliens.

Quelles sont les actions qui vont être mises en place durant la saison prochaine pour développer cette activité ?
Nous allons continuer à intervenir au niveau de la formation des professeurs et des cadres, afin que progressivement des référents soient mis en place dans les ligues. D'autres part des compétitions vont être organisées : nous travaillons à la mise en place d'un circuit national, et le troisième Open de Paris, qui aura lieu à l'Institut National du Judo, bénéficiera de tout le soutien logistique de la FFJDA. L'intérêt c'est également que ces compétitions seront désormais ouvertes à tous les licenciés FFJDA.

 



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