Neil Adams : 'votre système est bon'

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / jeudi 24 avril 2008 / source : alljudo.net


Rencontré à l'occasion d'un stage, l'emblématique champion anglais Neil Adams, a accepté de répondre aux questions de alljudo.net. il évoque notamment le système français pour lequel il éprouve une grande admiration.

Neil Adams, en quoi consiste votre activité professionnelle ?
Je suis entraîneur national de l’équipe de Galles. Après dix années à la tête de l’équipe de Grande-Bretagne, durant lesquelles j’ai été présent sur tous les grands championnats à travers le monde, j’avais besoin d’être plus disponible pour ma femme et mes trois enfants. Désormais je me consacre plus à la formation des jeunes judokas, je suis un peu en retrait du haut-niveau et j’ai plus de temps pour ma famille.

Que pensez-vous de l’évolution du judo au cours de ces dernières années ?
Le judo a évolué et nous devons évoluer avec lui. L’explosion de l’ex-URSS et l’arrivée, dans les années 90, d’un nombre important de judokas issus de l’ancien bloc soviétique ont changé le visage du judo. Cela est particulièrement frappant dans les catégories légères et moyennes où les combattants adoptent des postures de plus en plus cassées. On ne peut pas ignorer cela, mais il faut continuer à apprendre le judo en se tenant droit, car c’est la seule position qui permet un apprentissage juste de la technique.

Que pensez-vous des projets de réforme de l’arbitrage ?
Pour moi le plus important ce n’est pas la règle, mais l’interprétation de la règle. Chacun a sa propre perception des situations, c’est cela qu’il faut réussir à homogénéiser. Concernant les réformes évoquées, elles vont dans le bon sens, mais encore une fois elles ne seront pas efficaces s’il n’y pas une compréhension commune des situations. Il faut qu’à l’occasion des jeux olympiques, les arbitres aient une vraie cohérence dans leur manière de comprendre le judo.

En tant que spécialiste du newaza, que pensez-vous du développement du jujitsu brésilien ?
C’est un développement vraiment fantastique. Le travail debout, et celui de liaison sont assez limités, en revanche le travail au sol est vraiment intéressant. Le règlement permet un travail dans des positions variées et cela multiplie les angles d’attaque. La durée des combats, de dix minutes, permet également de développer des attaques complexes. Dans le judo actuel le newaza n’est plus possible, car il faut au moins une minute pour réaliser un véritable travail de newaza. Vu le temps imparti, seul le travail de liaison debout-sol est autorisé.

Quels sont les judokas que vous avez aimé voir évoluer ?
Comme tout le monde, je dirais Koga, Jeon et le uchimata de Kosei Inoue. Néanmoins je suis également capable d’apprécier le travail des Géorgiens avec leurs techniques différentes de celles du judo classique. Mais au final ma préférence va naturellement au judo japonais. Je voudrais également dire que j’ai beaucoup d’admiration pour le judo français. Votre système permet de former de très bon judokas, techniques et efficaces, avec une belle attitude. Si les résultats sont en baisse au niveau des garçons, ils repartiront forcément à la hausse, car le système est bon.

Teddy Riner est un bon exemple pour illustrer votre propos, que pensez-vous de lui ?
Tout le monde dit 'il est fantastique', car il a réussi à être le plus jeune champion du monde poids lourds. Moi je dis, pour être grand il faut qu’il le refasse, il faut qu’il gagne les jeux olympiques et qu’il s’inscrive dans la durée. Pour lui tout a été très vite mais s’il veut durer cinq ou dix ans, il va falloir qu’il puisse se poser pour travailler calmement, en ayant du temps pour faire les choses.


La fiche de Neil Adams

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