Jérôme Henric : « une période que l’on a rendue hyper-positive »

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / jeudi 18 juin 2020 /


Ancien cadre technique, Jérôme Henric est désormais head-coach de l’équipe chilienne. Il nous raconte comment il s’est adapté au confinement pour faire progresser ses athlètes.

Bonjour Jérôme, pouvez-vous nous rappeler brièvement votre parcours ?
Je suis professeur de Sport et titulaire d'un master 2 en management et conduite de projet. J'ai été cadre technique de la Fédération Française de judo pendant 16 ans. Après les Jeux Olympiques de 2012, je suis reparti à la Réunion, en poste a la DJSCS en charge du suivi des ligues et comités et du développement du sport de haut niveau. Depuis 2017 je suis head coach de l'équipe de judo du Chili.

Pouvez-vous nous dire un mot concernant l'équipe du Chili ?
Je travaille avec un entraineur Espagnol Javier Madera et un préparateur physique Chilien Gabriel Inostroza, J'ai un groupe de vingt judoka investis qui s'entraînent au centre de haut niveau de Santiago. Parmi eux deux sont des judokas aguerris qui évoluent sur le circuit IJF Mary Dee Vargas Ley (-48kg) et Thomas Briceño (-100kg) qui est le premier et l'unique Chilien à avoir remporté les Jeux panaméricain (2019), c'est un peu notre Teddy Riner local ! Les autres aspirent à être des judokas de haut-niveau mais ils doivent encore progressé.

Comment vous êtes-vous organisez face au confinement ?
Au début on a un peu improvisé. Je suis parti avec Mary Dee Vargas Ley au Maroc pour disputer le Grand Prix de Rabat, et lorsque nous avons atterri on nous a appris que le tournoi était annulé. A notre retour au Chili quelques jours plus tard, le confinement venait d'être annoncé. On a demandé aux athlètes de vite acheter du matériel, d'installer des salles chez eux. Le comité olympique a livré du matériel de musculation et de cardio aux deux sportifs en course pour les JO, puis nous leur avons transmis des programmes d'entrainements et on les a incités à participer à des défis.

Rapidement vous avez changé d'approche, pourquoi ?
Dès la première semaine on a vu les limites de laisser les athlètes en complète autonomie. Certains respectaient les programmes avec sérieux et jouaient le jeu, mais on sentait bien que chez d'autres c'était plus difficile. On a alors décidé de fixer deux plages d'entrainements par jour, comme en temps normal, encadrées en visio-conférence. Je me suis dit que jamais dans la saison je ne pourrai bénéficier d'une plage aussi longue pour les faire progresser physiquement, en raison des nombreux déplacements et de la chasse aux points olympiques, qui ne permettent de planifier des cycles longs.

En quoi cela consiste-t-il exactement ?
Avec ce dispositif, ils font quatre heures de préparation physique par jour du lundi au samedi. En détail sur la semaine ils ont des séances d'endurance de force ou de force max en fonction des profils et de leur matériel, des circuits cardio mixtes judo, des séances de crossfit. Nous tenons des statistiques sur les circuits pour suivre leur évolution. C'est une source d'information vraiment enrichissante à la fois sur l'amélioration de leurs performances physiques, et cela permet aussi de détecter les comportements pour faire évoluer leur préparation. Par exemple un athlète qui démarre doucement les circuits est le même que celui qui a du mal en rentrer dans son premier combat en compétition.

Quel est votre ressenti personnel et celui des athlètes ?
Au début ils nous disaient merci car ça les occupait et maintenant un peu moins, car ils en bavent vraiment ! Mais je pense qu'ils aiment cela. J'ai même deux athlètes qui ont choisi de profiter du confinement pour changer de catégorie. On a d'ailleurs maintenu une pesée par semaine avec la consigne de ne pas dépasser de plus de 5% le poids de la catégorie, et on se fait également un petit déjeuner par semaine en visio. Finalement c'est une période que l'on a rendue hyper-positive.

 



Réagir à cet article