Kawaishi Mikinosuke, le père du judo français

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Blog / mardi 26 novembre 2019 / source : alljudo


Personnage fascinant, parfois controversé mais totalement incontournable, Kawaishi Mikinosuke est le père fondateur du judo français. Biographie.

Suite à la diffusion sur Youtube du documentaire « Kawaishi Mikinosuke, le père du judo français » produit par Ronin Martial Production, nous vous proposons ce résumé et surtout nous vous invitons à visionner le magnifique film réalisé par Laurent et Julien Boucher : https://www.youtube.com/watch?v=H6Ma_2aJq2E

Né à Himeji en août 1899 Mikinosuke Kawaishi commence le judo à 8 ans, devient ceinture noire à 15 ans et devient capitaine de son université. Il étudie également le jujitsu. A l'âge de 21 ans il part aux Etats-Unis où il étudie et créé le New York Judo Club. Cela dure 4 ans.

En 1928, il quitte les USA pour le Royaume Uni et débarque à Liverpool où il créé un club de jiu jitsu. Il se livre également à des combats exhibition contre des catcheurs et des lutteurs sous le nom de Matsuda.

En 1936, il choisit de s'installer à Paris et il fonde le Jiu-Jitsu Club de France dont Jigoro Kano est président d'honneur. C'est à partir de ce moment-là qu'il va occidentaliser son enseignement : il reprend le système des ceintures de couleurs élaboré par les judokas anglais entourant Gunji Koizumi auquel est alors associé un programme d'enseignement. Les ceintures de couleur, correspondant aux grades intermédiaires entre le débutant et la ceinture noire n'existaient pas dans le judo japonais.

Cette méthode qui porte son nom va être présentée et approuvée par Jigoro Kano en 1938, lors de sa dernière visite en France, quelques mois avant sa mort. En 1944, Kawaishi est obligé de quitter la France en raison de la guerre. Il laisse derrière lui une trentaine de ceintures noires qu'il a formées, les pionniers du judo français, regroupés au sein du Collège des Ceintures Noires.

Il revient en France en novembre 1948, en compagnie de sa femme et de son premier enfant, avec le grade de 7e dan obtenu au Japon. Il constate que le judo français a progressé en terme de quantité mais selon lui pas de qualité. Pour remédier à cela, il fait venir du Japon un assistant, Shozo Awazu Sensei, 26 ans, 6e dan, considéré comme un prodige du judo, expert notamment dans le travail en newaza.

Même si on lui reproche parfois son autoritarisme, la vision du judo de Kawaishi est ouverte, «à 360°» pour reprendre une expression à la mode. Elle intègre la compétition, le jiu-jitsu, les katas, l'enseignement, les kuatsus, les kiais. Sous son impulsion le judo bénéficie d'une médiatisation croissante, notamment grâce à l'organisation de galas. Véritable précurseur il organise en 1950 les premiers championnats de France féminin qu'il arbitre lui-même.

Sa méthode qu'il continue de développer, d'améliorer et de documenter à travers de nombreuses publications, participe largement à l'essor du judo français et s'exporte dans le monde entier. Pourtant, petit à petit, certains défauts de cette méthode vont se révéler, et Kawaishi va progressivement perdre les rênes.

Alors que le judo devient un sport et que certaines techniques sont interdites, Kawaishi continue d'enseigner selon sa propre vision. L'arrivée en France en 1951 de Ishiro Abe, envoyé par le kodokan, qui pratique un judo de mouvement, est une révélation pour de nombreux judokas qui vont progressivement s'éloigner des principes de Kawaishi.

Ecarté du Collège des Ceintures Noires en raison de querelles personnelles et financières, puis de la Fédération, il prend son entière indépendance en 1961 en créant l'académie Kawaishi de judo, au sein de laquelle il veut poursuivre le développement de sa méthode, sans se soucier de l'évolution du judo décidée par le kodokan.

Ignoré par les instances, obligé de quitter son dojo suite à la démolition du bâtiment et atteint par la maladie, la fin de sa vie est difficile. Heureusement une partie de ses élèves lui resteront fidèles et s'attacheront à faire vivre l'enseignement et la mémoire de leur maître, qui décède le 30 janvier 1969 et reçoit le 10e dan à titre posthume. Il repose au cimetière du Plessis-Robinson.

 



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