Lettre ouverte de Loïc Pietri au Comité de Sélection

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / mardi 17 octobre 2017 / source : Facebook


Dans un long post publié ce soir sur sa page Facebook Loïc Pietri exprime son point de vue sur le fonctionnement et les décisions du Comité de Sélection.

Lettre ouverte au comité de sélection de Loic Pietri:

Le comité de sélection demeure un grand mystère pour les judokas. On ne sait jamais qui prend les décisions car les personnes qui y participent rentrent dans une espèce de boîte noire dont sortent des décisions à la logique contestable et qui ne sont accompagnées d’aucune justification. Il est donc compliqué, dans ces conditions, d’avoir une discussion. C’est pour cette raison que j’ai choisi d’écrire une lettre ouverte et de donner ma vision des choses avec le plus de sincérité et d’honnêteté possible.

Même si habituellement, je n’aime pas étaler mon palmarès. Je me dois de vous rappeler mon parcours car j’ai l’impression que les difficultés que je rencontre actuellement vous ont vite fait oublier les résultats que j’ai pu obtenir au sein de cette équipe de France. Lors de la saison 2016-2017, j’ai enchainé 3 entorses aux genoux qui m’ont chacune obligé à arrêter 3 mois, et qui, pour la première m’a mis en grande difficulté pour préparer les JO. Les blessures à répétition m’ont fait rentrer dans ce qui est à ce jour l’épreuve la plus douloureuse de ma carrière. Je suis actuellement toujours en difficulté à cause de ma dernière entorse du genou qui suite à des complications prend plus de temps que prévu à guérir. Cet été, vous m’avez sélectionné pour les Championnats du Monde par équipes et le Grand prix de Croatie alors que je n’avais même pas encore repris le judo. Cela montre, à quel point, vos décisions sont précipitées et déconnectées des réalités du tatami. L’honneur de représenter mon pays dans un championnat officiel pouvant justifier une prise de risque. J’ai donc accepté avec un genou instable de participer aux championnats du monde par équipes alors que je n’avais que 4 semaines d’entrainement dans les « pattes» et que j’étais dans l’incapacité de réaliser la moitié de mon système d’attaque.

Lors de ce championnat, j’ai disputé un combat serré que j’ai perdu au golden score en partie car je manquais de « caisse ». J’ai donc constaté sans grand étonnement que je n’étais pas assez entrainé et que mon genou m’empêchait toujours d’attaquer convenablement. Comme je n’étais pas prêt et que j’avais toujours mal, j’ai donc décliné la seconde sélection pour le Grand prix de Croatie afin d’effectuer une reprise progressive et laisser le temps à mon genou de guérir. Hélas, récemment, j’ai retiré sur mon ligament et je peine toujours à m’entrainer normalement. Et là… (Roulement de tambour) Je viens d’apprendre ma sélection pour le Grand Slam de Tokyo et j’ai remarqué que l’on m’avait fait une faveur toute particulière (inédite) en me sélectionnant sous réserve de ma victoire au championnat de France. Je ne sais pas si je dois y voir une marque de considération de la part des sélectionneurs… Ou bien un chantage minable auprès d’un un athlète en difficulté qui enchaine les pépins de santé.

Je ne pense pas qu’il soit judicieux de reprendre avec le plus gros tournoi du monde (Grand slam de Tokyo) quand on commence sa saison, de surcroît, quand on revient de blessure. Il me parait bien plus logique de participer à des tournois de niveau moins élevé. J’ai trop souvent du mal à comprendre la logique sportive des décideurs. J’ai l’impression que le comité de sélection souhaite régler une vieille rancune car je n’ai pas participé aux championnats de France les années précédentes. Peut-être que ce n’est pas un hasard si je comptabilise sur huit ans 11 médailles en championnats d’Europe et du Monde. Dont huit en individuel. Peut-être ai-je réussi à me préserver de saison à rallonge. J’ai souvent pris le temps de me refaire une santé durant cette période car il fallait avoir des priorités. La mienne, c’était les compétitions internationales, peut être auriez- vous préféré me voir 8 fois médaillé aux championnats de France ?

Alors j’ai des questions :
- Pourquoi un traitement différent dans le mode de sélection à mon égard jamais utilisé à ce jour ?
- Combien de temps allez-vous encore essayer de me faire reprendre trop vite ?
- Quand allez-vous proposer des programmations individualisées qui correspondent aux besoins des athlètes ?
- J’ai entendu la direction technique national dire que l’on ne s’entraine pas assez alors comment expliquez-vous les blessures à répétition des titulaires de l’Equipe de France ?

Le comité de sélection devrait arrêter de se prendre pour le japon qui a un niveau national proche du niveau international et qui est le seul pays à pouvoir se permettre d’avoir peu de progressivité dans la programmation de ses compétitions internationales. C’est aussi le seul pays ou un champion national à le niveau mondial. La France ne retrouvera sa place parmi les grandes nations du judo masculin que si elle arrive à communiquer avec les athlètes pour mettre en place des PROGRAMMATIONS plus progressives et individualisées qui prennent en compte l’humain. Le niveau international de s’atteint pas en un jour, il faudra avoir une vision à long terme pour faire progresser une équipe de France masculine digne de ce nom. Les résultats des derniers mondiaux en sont une des conséquences ; qui en sont les responsables : les athlètes, les entraineurs ou la commission de sélection ?

La vérité est certainement plus nuancée que tout ce que j’ai pu entendre jusqu’à présent. Il existe sans aucun doute une solution mais seulement si le problème est bien posé avec les différents acteurs.



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  • judo77200 - le 26/10/2017 à 06:17

    La fédération française devrait regarder au niveau des pays européens pour gérer leurs athlètes. Par exemple, la fédération Israelienne a mis un système intéressant où elle a sélectionné 2 ou 3 judokas par catégorie et elle les sort toujours à l'International! Et cela semble marcher à l'international car ainsi les judokas ne sont plus intimidés lorsqu'il tombe sur un cador!En France, cela donnerait cela par exemple:- 60 kg: Khyar/Limare- 66 kg: Flament/Leblouch- 73 kg: Axus et un autre à déterminer ( Urani - Avaliani-Little-Otmane)- 81 kg: Pap Doudou et un second à déterminer- 90 kg: Clerget/Piétri- 100 kg: Iddir/ Maret 100 kg: Riner/Katanga

  • Aldo - le 19/10/2017 à 06:09

    Extérieur à tout ce système, je réside et suis judoka dans une petite nation (Suisse) je suis navré que de tels judokas de réelle valeur obtiennent de si pauvres résultats internationaux.Je reste persuadé que les athlètes sont irréprochables, cependant je m'interroge sur leurs conditions (sélection, gestion des blessures, précarité (sportives et financières).La France a un réel potentiel à mon sens sous utilisé.

  • judo77200 - le 18/10/2017 à 06:35

    Comment explique ce critère de sélection du judoka de l'OJNice! Soit on le sélectionne soit on ne le calcule pas! Ce n'est pas sérieux "Il doit faire champion de France 1ère div" alors que le comité de sélection sait qu'il est blessé! Après je m'interroge car Khyar en - 66 qui n'a même pas fait 9 au 1er div 2017 en -66 kg , Allardon ( out depuis presque deux ans à part à Zagreb), Iddir rien à l'international en - 100kg, Revol fait toujours premier tour à l'international! A savoir! Sont - ils differents de Piétri? Des têtes doivent elles tombées? Pourquoi??

  • tenti - le 18/10/2017 à 04:51

    Les propos de Loïc PIETRI ne peuvent que susciter l'adhésion et inciter à s'interroger sur l'avenir du judo français. Comment en effet ne pas tenir compte de la clairvoyance, toute en sobriété, des propos d'un tel champion que Loïc ! Comment d'ailleurs faire en sorte d'occulter les revendications, très légitimes, de la jeune élite du judo français, qui s'est érigée en lanceuse d'alerte. Ces jeunes sportifs, pour la plupart courageux et volontaires, dont le confort de vie se révèle parfois précaire, sont avant tout en quête de performance. Ils veulent continuer d'évoluer dans le système français qu'ils ne combattent pas mais qu'ils souhaitent au contraire améliorer, moderniser et réactualiser au milieu d'un contexte international de plus en plus concurrentiel.En fait, leurs aspirations à hisser le judo français coïncident avec celles de leurs projets sportifs individuels, d'autant que l'horizon des JO 2024 se profile. Malheureusement, leur idéal se heurte à l'obscurantisme d'une fédération complètement surannée. Cette structure dépassée, engluée dans une sorte de totalitarisme prôné par une petite oligarchie mafieuse, hermétique et sectaire, ne semble pas avoir pris conscience de ce profond mouvement réformateur. Ses premiers éléments de réponse consistent seulement en des règlements de compte grossiers et sournois ainsi qu'à essayer d'éteindre par de vils calculs de vengeance cette flamme de jeunesse et modernité.

  • NANY - le 18/10/2017 à 12:22

    En coulisses c'est plus que chaud........ coup bas ! règlements de compte ! Tension entre certains Athlètes! vengeance ! les entraineurs nationaux sous pression ! la chasse aux sorcières est ouverte...........La fédération pourra tenir encore combien de temps dans cette illusion de fonctionnement ? Les clubs , athlètes, coachs, profs se démotivent de plus en plus devant la médiocrité ambiante ! Mais quel gâchis.......JO 2024 à Paris risque fort d'être une grande désillusion pour le judo et le CNOSF ........si rien ne change rapidement