FFJDA : Mizuno in, adidas out

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / FFJDA / jeudi 29 septembre 2016 / source : alljudo


La Fédération Française de Judo n'a pas reconduit le partenariat qui la liait à l'équipementier Adidas. A partir de janvier 2017, l'équipe de France combattra en Mizuno.

Cela faisait six olympiades consécutives, soit plus de 20 ans, que Adidas était le partenaire attitré de la Fédération Française de Judo. Douillet, Canu, Alexandre, Fleury, Restoux, Bouras, Decosse, Riner et Andéol ont entendu résonner la Marseillaise sur le podium olympique équipés de la marque aux trois bandes. Une page se tourne.

Mizuno qui avait déjà fait une offre «très correcte» il y a quatre ans a cette fois-ci remporté la mise. La victoire logique d'une multinationale japonaise face à une PME française. Oui, vous avez bien lu «une PME française». Car pour bien comprendre l'histoire, il faut savoir que tous les équipements de judo Adidas sont en réalité gérés par la société française Double-D, composée d'anciens judokas (7 ceintures noires), qui dispose de la licence d'exploitation de la marque pour l'ensemble des sports de combat dans le monde entier. Adidas France, qui se consacre aux sports dits majeurs -on pourrait dire vendeurs- participait jusqu'à présent à l'effort de sponsoring de la Fédération Française de Judo, mais elle a décidé de se désengager pour l'olympiade à venir. Double-D, qui de ce fait devait supporter entièrement le poids financier du partenariat avec la FFJDA, n'a pas souhaité s'engager dans une surenchère déraisonnable pour une société domiciliée en France, et qui représente 40 emplois sur l'hexagone.

«Accepter une telle surenchère aurait abouti à réduire nos partenariats en cours, ceux que nous avons avec les clubs, les ligues, les comités départementaux, les tournois et le monde des bénévoles qui font vivre le judo en France. Ce que nous ne voulions pas. Nous tenons à rester le partenaire principal du judo français. De toute façon, aucun dialogue de compétitivité n'a été proposé par la fédération envers son partenaire historique suite à la première offre faite !», déclare Cédric Dermée, le président de la société Double-D. Magnanime, l'ancien camarade chambre de David Douillet préfère retenir le positif : «Les années passées auprès des équipes de France et des judokas de haut niveau ont été un pur bonheur, et l'avenir de la marque restera au plus haut niveau, toujours au plus près de ces athlètes exceptionnels.»

L'avenir se construira donc sans l'équipe de France, mais pas sans ambitions : «Nous allons continuer à être le partenaire du judo français. Nous avons conclu un accord de partenariat avec 10 ligues sur 13 au total, nous avons plusieurs athlètes en contrats individuels, et des nouveaux détonants sont en cours de négociation, afin de constituer une équipe internationale de ‘champions Adidas', véritables ambassadeurs de la marque, pour atteindre un objectif de 20 médailles lors des prochains Jeux de Tokyo 2020» explique Nicolas Poy-Tardieu le directeur marketing de chez Double-D.

Les contrats individuels... c'est sans doute à ce niveau qu'il pourrait y avoir des points de vue divergents entre les athlètes et la Fédération durant les prochains mois. Aux Pays-Bas et en Espagne, les athlètes ont fait valoir face aux tribunaux, leur droit de négocier personnellement leur équipementier, et ils ont gagné. On serait tenté de dire « comme au tennis », tant ce sport a souvent été pris pour modèle par Marius Vizer depuis son arrivée à la tête de l'IJF. Dans le sillage d'un Teddy Riner, dont le poids commercial et l'impact publicitaire dépassent largement le cadre du judo, les athlètes ayant des contrats personnels avec Adidas vont-ils accepter docilement de combattre en judogi Mizuno lors des grands championnats ? Pas sûr... D'autant qu'une jurisprudence européenne existe, autorisant les athlètes à porter ce qu'ils veulent en dehors des équipements techniques. Une notion un peu floue, mais une faille judiciaire certaine, dans laquelle certains pourraient bien tenter de s'engouffrer. Quand on connaît les difficultés de certains judokas pour pouvoir vivre de leur sport, quel argument une fédération pourrait-elle avancer pour les priver d'une source de revenus supplémentaires ?

La Fédération Française a choisi d'obéir à une pure logique économique larguant son partenaire historique pour le prix d'un 15m² à Paris. Il faudra donc s'y faire, les Français combattront désormais pour une marque nippone. Cela ne nous plaît pas. Nous n'aimerions pas non plus voir les Japonais en kimono Adidas. Un cas de figure peu envisageable, car la Fédération Japonaise a déjà démontré par le passé qu'elle n'hésitait pas à créer un véritable blocus à toute marque occidentale, lorsqu'il s'agissait de défendre les intérêts de son sponsor national.



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  • AXLEMAN - le 01/10/2016 à 08:16

    Ok ce discours mais en terme de qualité. Est-ce que ces deux judogi se valent? Pour ma part, je ne connais que Mizuno et Kusakura...