Les bleus retrouvent des couleurs

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / vendredi 12 aout 2016 / source : alljudo


L'équipe de France de judo a enfin montré un visage conquérant sur les tatamis brésiliens. Tcheuméo (-78kg) remporte l'argent et Maret (-100kg) le bronze.

Adepte des départs en trombe et des fins de combats douloureuses, Audrey Tcheuméo avait retenu la leçon de ses échecs passés et elle avait décidé sur ce championnat d'user ses adversaires, de bien placer ses mains, et éventuellement de porter l'estocade quand l'occasion se présenterait.

Lors de son premier tour, elle était menée d'un shido par la championne du monde 2013, la Nord-Coréenne Sol, mais elle trouvait ainsi l'ouverture dans la dernière minute sur un grand coup de hanche, après avoir pris complétement l'ascendant au kumi-kata. Au tour suivant, elle se contentait de dominer sur les mains, sans prendre de risque, et elle s'imposait aux shidos face à la Britannique Powell.
En demi-finale, elle retrouvait l'une des grandes favorites, la Brésilienne Aguiar qui l'avait déjà battue à cinq reprises en six rencontres. Tcheuméo restait sur son choix tactique et elle s'imposait par deux shidos à un, sans vraiment avoir dominé, au terme d'un combat décevant en terme de spectacle.

Il restait une dernière marche à gravir pour atteindre le toit de l'Olympe, face à la tenante du titre l'Américaine Harrison. Cette fois-ci le schéma minimaliste de la Française allait montrer ses limites. L'Américaine démarrait le combat pied au plancher, ne laissant aucune occasion à la Française de s'exprimer, et à mi-combat elle disposait d'une confortable avance de deux shidos. Tcheuméo refaisait surface et parvenait à placer son kumi-kata, mais elle ne lançait pas et c'est l'Américaine qui profitait de chaque occasion attaquer. Jusqu'au bout, Harrison faisait l'effort, et à 20s du terme, suite à une attaque en seoi-nage, elle revenait sur Tcheuméo, faisant mine d'amorcer un étranglement, pour mieux la surprendre sur juji-gatame.

Une victoire méritée pour Kayla Harrison qui prouve en conservant son titre qu'elle est une immense championne. Audrey Tcheuméo a pris acte et elle a d'ores et déjà donné rendez-vous à Tokyo dans quatre ans.

En 2020, Cyrille Maret aura 33 ans et il n'est pas évident qu'il soit encore en équipe de France, mais sait-on jamais, car le Bourguignon est comme les meilleurs vins de sa région, il se bonifie avec le temps. Souvent en dessous de son niveau réel lors des grandes occasions, il a enfin réussit à se libérer et à montrer son vrai visage le jour J.

Pourtant à la lecture de son tableau on pouvait légitimement s'inquiéter pour le judoka de l'ACBB qui en dépit d'une deuxième place à la ranking olympique avait hérité d'un tirage extrêmement compliqué.

Après un premier tour vite négocié face au Malien Traoré (uchi-mata après 30s), il retrouvait sur sa route le médaillé olympique 2012 et champion d'Europe en titre, le Néerlandais Grol. Dès les premiers instants, Maret faisait bonne impression dans l'attitude. Il prenait l'ascendant sur les mains, attaquait, et il trouvait l'ouverture à mi-combat sur kata-guruma (yuko). Les assauts brouillons de Grol l'obligeaient à concéder un shido mais il n'était pas vraiment inquiété jusqu'au terme.

En quarts de finale, il devait faire face à la valeur montante de la catégorie, le Géorgien Gviniashvili, double champion du monde junior (2014-2015), véritable phénomène de puissance et d'explosivité. Sans complexe, le Géorgien tentait beaucoup dès les premiers instants du combat, mais il avait sans doute présumé de ses forces après ses victoires avant le terme contre l'Anglais Fletcher et le Belge Nikiforov. Non seulement il n'inquiétait pas le Français, mais il se fatiguait prématurément, et il se faisait logiquement contrer sur uchi-mata-gaeshi (wazari). Maret, plus frais et plus fort à la garde, gérait tranquillement sa fin de combat.

En demi-finale, après la coupure, Maret revenait dans de moins bonnes dispositions face au Tchèque Krpalek. Archi-déterminé, comme habité par la certitude que le titre olympique était pour lui, Krpalek mettait le rythme, agressait le Français au sol et debout, et Maret qui avait pourtant les armes pour résister, voir pour s'imposer, allait petit à petit plier face à la détermination sans faille du longiligne Tchèque. Il concédait d'abord un shido, puis il finissait par craquer sur un passage au sol, sur lequel Krpalek parvenait à dégager sa jambe, avant de l'immobiliser pour ippon.

On craignait un nouveau scénario catastrophe pour le Dijonnais, qui, subissait un peu face l'Allemand Frey dans leur combat pour le bronze. Le Français allait s'appuyer sur sa puissance pour progressivement mettre sa patte sur le combat. De mieux en mieux installé, il parvenait à se rapprocher de l'Allemand et sa première grosse attaque en o-soto était la bonne, l'Allemand décollait et retombait plat dos. Cette fois-ci Maret tenait enfin sa grande médaille, un joli cadeau le jour de ses 29 ans.

Grâce à ses deux nouvelles médailles, et si Teddy Riner remporte le titre attendu aujourd'hui, la France terminera troisième nation. Un résultat en trompe l'œil, qui ne suffira pas à masquer les carences constatées durant cette semaine olympique.


Résultats des épreuves de judo Jeux Olympiques 2016

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  • fox45 - le 13/08/2016 à 12:07

    "les carences constatées durant cette semaine olympique" ... excellente analyse !!! La plupart des judokas français n'attaquent plus pour faire tomber mais pour faire sanctionner leurs adversaires.