Walide Khyar : «J'ai vingt ans et je veux tout prendre»

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / jeudi 4 aout 2016 / source : alljudo - Laurent ACHARIAN


Après des championnats d'Europe victorieux et inoubliables, Walide Khyar est l'un des grands espoirs de médaille de la délégation française. Et ça ne lui fait pas peur !

Qu'est ce qui a changé depuis votre médaille d'or aux derniers championnats d'Europe ?
Je suis beaucoup plus sollicité, notamment par les médias. Mais il faut relativiser car avant, je ne l'étais pas du tout. Là, en quelques semaines, je suis passé sur LCI, sur BeIn, dans Le Monde et dans Le Parisien qui est venu chez moi pour faire un portrait de ma famille. 

Tout cela me fait évidemment très plaisir car je crois que c'est bien pour moi bien sûr mais surtout pour mon sport qui est l'un des plus pratiqués par les Français (NDLR : le judo est la 4e fédération en nombre de licenciés) et qui reste notoirement sous-médiatisé.

Et pour le reste ?
Ca va vous faire rire mais on me reconnait aussi de temps en temps dans la rue. Hier par exemple, au cinéma, je suis allé voir Insaisissable 2 et un type est venir me dire : « Bravo pour la boite en finale aux Europe ! ». Un policier qui faisait la circulation m'a dit la même chose. C'est vraiment sympa !

Et vos adversaires. J'imagine qu'ils ne vous regardent plus exactement de la même façon ?
C'est vrai et j'aime ça. Avant, en stage, j'allais vers les meilleurs et je les faisais rigoler. Ils me prenaient à la légère et cela avait le don de m'agacer. Là, j'ai senti un vrai changement dans leur attitude. Lors d'un de nos derniers stages, le vice-champion du monde Beslan Mudranov voulait me prendre absolument. Au bord du tapis, il y avait quatre de ses entraineurs pour nous observer et décortiquer ma façon de combattre. Franchement, cela me stimule !

« Ma mère m'envoie encore acheter le pain »

Pas eu le temps de prendre la grosse tête donc ?
Ca ne risque pas. J'ai une famille qui m'entoure. Ma mère m'envoie encore acheter le pain et cela ne va pas s'arrêter demain. On parle judo à la maison bien sûr mais on ne s'adresse pas à moi comme à un champion, je suis Walide et c'est très bien ainsi. Je suis le petit dernier de la famille, tout le monde prend soin de moi, mes frères me chambrent, me conseillent et on partage chaque compétition tous ensemble comme on l'a toujours fait.
Et puis, c'est juste un titre de champion d'Europe, il ne faut pas non plus s'enflammer. Nous sommes en année olympique et l'objectif pour tous les judokas, ce sont les Jeux et rien d'autre.

« J'ai vingt ans et je veux tout prendre »

Vous allez tirer le premier jour de votre discipline, le 6 août. Vous allez changer quoi dans l'approche de cette compétition ?
Rien, absolument rien. Dans ma tête, c'est une compétition comme les autres et je veux rester dans mes habitudes. Je suis champion d'Europe mais cela change quoi finalement ? Sur une compétition comme celle-ci, tout le monde a sa chance et je suis vraiment sincère en disant cela. D'autant que l'on se connait tous, on s'est tous croisés sur les compétitions, on a regardé des vidéos pour comprendre ce qu'il faut faire ou ne pas faire contre untel ou untel.

A 20 ans, ce ne serait pas dramatique de perdre pour une première participation aux Jeux, non ?
Je ne raisonne pas comme cela. Qui vous dit où j'en serai dans quatre ans ? J'ai vingt ans et je veux tout prendre. Mon objectif est de gagner et je serais très déçu si je n'y parvenais pas. J'ai été très bien accueilli en équipe de France, les anciens m'ont mis à l'aise tout de suite et m'ont fait passer le message.

Avez-vous conscience qu'une victoire aux Jeux peut changer votre vie ?
J'essaie de ne pas trop y penser mais j'en ai parfaitement conscience. C'est ce qui m'excite d'ailleurs dans cette compétition. Je veux marquer les esprits, laisser une empreinte. Je sais que cela passe par une performance à Rio.

*pour en savoir plus sur Walide Khyar, découvrez son blog : http://www.walidekhyar.fr/

 



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