Emmanuelle Payet : 'progresser sur les mains'

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / lundi 3 septembre 2007 / source : alljudo.net


Dans l'ombre de Lucie Decosse, voire de Virginie Taurines, Emmanuelle Payet continue sa montée en puissance. Dotée d'un judo offensif et d'une volonté affichée, la pensionnaire de Levallois représente, à 21 ans, l'un des plus sûrs espoirs de la catégorie des moins de 63 kg, même si elle mesure les progrès qui lui restent encore à réaliser.

Vainqueur des Universiades, remplaçante pour les championnats du monde, tu t’attendais à tout cela ?
Concernant la sélection, je l’ai apprise lors du stage à Boulouris (du 1er au 10 aôut), et j’ai vraiment été surprise car il n’y avait pas eu de tournois récents pour nous départager. Peut-être que ma victoire aux championnats du monde universitaires, en décembre 2006, a compté. En tout cas cela a été une agréable surprise. Concernant les Universiades, au départ je visais un podium, puis j’ai pris les combats les uns après les autres et cela a bien marché.

Tu connaissais les filles qui étaient présentes ?
Il y a des filles que j’avais déjà rencontrées ou vues sur des tournois, et d’autres que je ne connaissais pas du tout, mais le niveau était relevé. Lorsque j’ai vu le tableau, j’ai plutôt pensé à un podium qu’à la victoire. Je suis restée très concentrée, appliquée, j’ai respecté les consignes des entraîneurs qui me demandent de ne pas me précipiter, et j’ai pris le temps pour installer mon kumi-kata. Maintenant que j’ai gagné de cette manière, sans partir à l’abordage et en sentant que j’ai progressé sur les mains, j’ai hâte de disputer les prochains tournois.

Comment expliques-tu tes bons résultats lors des championnats (1e aux championnats du monde universitaires 2006, 1e aux Universiades 2007) et tes résultats plus mitigés en tournois ?
Il ne faut pas que je me mette trop de pression, comme je le fais sur les tournois world cup. Le problème vient de là, lorsque je me mets une pression trop importante cela ne fonctionne pas.

Etre remplaçante pour les championnats du monde, concrètement cela se passe comment ?
J’ai effectué toute la préparation avec l’équipe de France, mais par contre je ne pars pas à Rio, les remplaçants restent en France. Concernant le poids je me surveille un peu, mais je n’effectue pas de descente au poids. En fait je ne pense pas trop à l’éventualité de combattre, car les titulaires sont passés sur des entraînements plus légers, et les risques de blessures sont moindres. Mon esprit est plutôt tourné vers les prochains tournois internationaux, l’Estonie le 22 septembre, puis les Pays-Bas la semaine suivante.

Par rapport à Lucie Decosse que tu côtoies régulièrement à l’entraînement, que penses-tu devoir améliorer ?
C’est surtout au niveau du kumikata que je dois progresser. Une fille comme Lucie, c’est très difficile de la saisir correctement et même lorsqu’on y parvient c’est encore compliqué, elle a beaucoup d’expérience. Maintenant je veux vraiment faire l’effort pour m’améliorer dans ce secteur. Avant je ne le faisais pas, je voulais combattre, attaquer et faire tomber tout de suite par n’importe quel moyen.

Quels objectifs t’es tu fixé pour la prochaine saison ?
Je souhaite d’abord être présente sur les tournois internationaux, puis être présente aux championnats de France pour montrer que je suis bien là, derrière Lucie Decosse. La suite sera conditionnée par le résultat aux championnats de France.

Beaucoup de gens pensent que Laetitita Payet et toi, êtes sœurs ?
Non, nous sommes seulement copines, mais comme nous sommes du même club (Levallois) et comme nous sommes toutes les deux Réunionnaises, beaucoup de gens se trompent. Il faut savoir qu’à la Réunion, il y a beaucoup de Payet. Moi j’ai vécu là-bas jusqu’à l’âge de 16 ans tandis qu’elle, elle est Réunionnaise par son père, mais elle a toujours vécu ici.

Comment s’est passé ton départ de la Réunion ?
Mon entraîneur à la Réunion, Jérôme Henric, m’a suggéré de venir en métropole pour poursuivre ma progression. J’avais déjà participé à des stages avec l’équipe de France et remporté la médaille d’argent aux championnats d’Europe cadets, mais à chaque fois je devais faire les aller-retour entre la Réunion et Paris, j’ai donc choisi de poursuivre le judo en France. Au début je suis restée trois mois à Poitiers, mais comme je m’étais licenciée au club de Levallois, c’était plus facile pour moi de m’entraîner sur Paris. Nous avons donc fait une demande, avec le club, pour que je puisse m’entraîner à l’Insep et elle a été acceptée.

Tu as pu poursuivre tes études normalement ?
J’ai passé mon bac, puis j’ai commencé la formation à l’IUFM pour être professeur des écoles. Mais faute de temps je l’ai laissée entre parenthèse, ce sera pour plus tard. Actuellement je prépare le brevet d’état de judo, ainsi que le BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport).

Comment est tu arrivée au judo ?
J’étais très casse-cou et mon père avait un ami qui dirigeait un club de judo (le Judo Club Municipal de Saint-Denis), il m’a fait essayer et j’ai tout de suite adoré. Je suis une exception car dans ma famille on pratique le handball, mes parents ont joué à haut-niveau et ma grande sœur le pratique également.

Ton tempérament casse-cou, tu l’as gardé ?
Non je me suis assagie. Maintenant je suis plutôt quelqu’un de réservé, d’introverti, malheureusement. Je crois que lorsque j’ai tout quitté, il s’est passé quelque chose dans mon caractère…

Ta motivation pour pratiquer ce sport très difficile qu’est le judo, tu la tires d’où?
Ce qui me motive c’est de penser à mon île. Mon mental c’est mon point fort, je ne lâche jamais et je montre mon envie de gagner.

Le CV d'Emmanuelle Payet



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