La double vie d’Hélène Wezeu

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / jeudi 16 avril 2015 /


Hélène Wezeu est une judokate reconnue sur le continent africain, mais pas encore en Europe. A 27 ans, la Camerounaise qui a déjà décroché une médaille de bronze continentale et un double diplôme franco-allemand d’ingénieure en informatique, a décidé de se focaliser sur le judo. L’objectif ? Une médaille olympique à Rio.

Hélène Wezeu est une de ces judokates au parcours atypique. Rien ne prédestinait la petite fille de six ans poussée par son père à suivre ses grands frères au judo à une carrière internationale. Mais à force de travail et de sacrifices, son talent a commencé à se faire connaitre. Bien qu'elle donne sa priorité aux études, elle devient championne du Cameroun en seniors, et, en 2005, elle met le cap sur la France.

Pour rejoindre une structure ? Pas du tout. Son bac en poche elle intègre une licence de mathématiques à l'Université de Montpellier. Nouvel environnement, mais même passion en dehors des cours : le judo. Six ans plus tard, en 2011, elle obtient sa première sélection en équipe nationale pour les championnats d'Afrique. Une première réussie qui se solde par une 7ème place en -70kg, et une médaille de bronze par équipes.

Médaille continentale et école d'ingénieurs

Au retour de Dakar, la judokate retourne à Angers pour sa dernière année de formation en école d'ingénieurs. Un diplôme qu'elle passe en quatre ans avec une année en Allemagne pour obtenir un Master en Informatique. « J'ai commencé à étudier l'informatique sans avoir de connaissances, je suis allée en Allemagne sans parler allemand. C'était dur, mais comme au judo, si le mental tient, au final, le travail paye » analyse-t-elle.

Son travail sur les tatamis, même s'il est secondaire, lui permet de remporter sa première médaille continentale individuelle, en terminant troisième des -63kg aux Championnats d'Afrique 2013. « J'ai toujours voulu allier les études et le judo. C'est une organisation et beaucoup de sacrifices, mais quand on veut quelque chose, il faut se donner les moyens de l'avoir » annonce la combattante.

Une nouvelle contrainte va apparaître en plus du parcours scolaire et du parcours sportif : la nécessité de travailler. Elle intègre alors SAP, une entreprise de conception de logiciel, mais continue de fouler les tatamis pendant son temps libre. « C'était dur physiquement et mentalement. Se lever à 5h du matin pour aller travailler, puis aller au dojo, ça use ». Malgré la fatigue, la spécialiste de o-goshi s'illustre sur la scène internationale, avec notamment une finale aux Jeux du Commonwealth en 2014. « C'est ma plus grande fierté pour le moment. » savoure-t-elle avant d'ajouter « cette performance m'a donné un regain de motivation. Je peux y arriver en travaillant à côté.... »

Rio 2016 dans le viseur

Janvier 2015. La combattante licenciée au Villemomble Sport s'est accomplie professionnellement en créant sa propre société de conseil en informatique, Dasawez Consulting. Elle décide alors de se concentrer sur le judo. « Je ne suis qu'à 50% de mes objectifs, je ne peux pas encore être satisfaite !» proclame-t-elle avec ambition.

L'objectif ? Une médaille à Rio, en 2016. « Il faut viser très haut, pour ne pas tomber très bas, non ? » annonce la 44ème mondiale. Et les résultats ne se font pas attendre. A Düsseldorf, après ses trois premières semaines de préparation au haut-niveau, l'internationale camerounaise maitrise sans soucis Isabelle Puche, 20ème mondiale. Désormais, l'élève d'Omar Gherram va chercher à grappiller tous les points possibles dans la course aux quotas olympiques. « Pour cela, gagner le titre continental dans deux semaines sera essentiel. Je suis sur la bonne voie. » ambitionne la combattante qui s'entraîne également à Brême sous les ordres de Stefan Buben et à l'INEF. Un défi de taille vu la concurrence. Mais il en faudra plus pour l'impressionner.



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