Gilles Hays : «le judo ouvre les portes »

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / lundi 22 decembre 2014 /


Rencontre avec Gilles Hays, le professeur et l’âme du JC du Bassin Saumurois, qui a su pérenniser un club de 500 licenciés dans une ville qui compte 30 000 habitants. Rencontre.

C'est à l'occasion de la Training Session alljudo avec Matthieu Bataille organisée le 14 décembre à Saumur que nous avons rencontré Gilles Hays, l'âme du JC du Bassin Saumurois. Personnage haut en couleur et entièrement dévoué à la cause du judo, cet élève de Jacques Leberre, qui fut aussi un proche de Yamashita dans les années 1980, nous explique comment il a réussi à implanter un club de 500 licenciés dans une ville de 30 000 habitant entièrement tournée vers le cheval.

Bonjour Gilles. Peux-tu nous faire l'historique de ton club le Judo Club du Bassin Saumurois ?
Le club existe sous ce nom depuis 1990 mais le judo a été implanté à Saumur dans les années 50 par M. Gil Merck, et il y avait plusieurs entités dans la ville et ses proches alentours. En 1990, nous nous sommes regroupés au sein du Judo Club du Bassin Saumurois. L'une des dates clés dans l'histoire du club, c'est 2010, l'année où nous avons obtenu un nouveau dojo. Il s'agit en fait d'un gymnase de 600m2 qui existait déjà et qui a été réaffecté uniquement au judo. La mairie a effectué les gros travaux et nous nous sommes occupés de l'aménagement intérieur, ce qui nous permet d'avoir désormais une surface de 340m2 à demeure.

Quels sont les effectifs et les activités du club ?
Le club compte environ 500 licenciés et avec les différentes activités que nous proposons, notamment dans le milieu scolaire, nous faisons pratiquer le judo à un millier de personnes chaque année. Nous un sommes un club formateur avec peu de compétiteurs seniors, car nos jeunes ne restent pas beaucoup ici pour leurs études. Ma conception c'est d'aller de partout avec le judo et d'ouvrir les portes. Nous travaillons avec les handicapés, avec les scolaires, avec l'Ecole Nationale d'Equitation, le judo peut intéresser tout le monde, mais il faut se battre pour le vendre.

Qu'est-ce que tu veux dire exactement ?
Nous avons un sport magnifique, un super produit, mais nous n'avons pas la culture pour aller le vendre alors qu'il peut vraiment toucher des publics très différents. Voici quelques exemples : à l'Ecole Nationale d'Equitation j'interviens auprès de futurs professionnels, et avec eux on utilise le judo pour la préparation physique et pour mieux appréhender la peur de chuter. Dans les quartiers difficiles où j'ai eu l'occasion d'intervenir certains instituteurs suite au cycle de judo, ont utilisé le système des ceintures pour remplacer leur notation traditionnel. C'est-à-dire que les élèves à la fin d'un cycle obtenaient leur ceinture jaune de mathématique ou de français. Cela a eu un effet très motivant notamment sur des élèves en difficulté qui s'étaient pris au jeu du judo. Des exemples je peux en citer plein d'autres, mais pour faire ça il faut avoir envie de développer le judo.

Comment est-ce que t'y prend justement pour vendre le judo ?
Je n'ai rien inventé, on distribue beaucoup de tracts, on fait vivre notre site internet, on est présent sur le terrain, et on utilise le formidable réseau du judo. Entre les parents et les pratiquants, on touche toutes les classes de la population, toutes les religions, toutes les communautés. Il faut se servir de ça pour ouvrir les portes et ne pas avoir peur d'aller se vendre. Par exemple l'excellent restaurant Le Gambetta* où nous avons déjeuné avec Matthieu Bataille et Stéphane Traineau, est tenu par les parents d'un jeune que j'ai au judo et ils ont accepté de nous inviter, parce que je pense que d'une certaine manière ils sont reconnaissant du plaisir que le judo procure à leur fils.

Est-ce que tu es sollicité pour partager ton expérience auprès d'autres professeurs ou d'autres dirigeants ?
Non, je suis plutôt grande gueule et je me suis détaché du fonctionnement officiel, mais je te tiens à ce que tout le monde soit licencié, mêmes les handicapés qui sont chaque année entre 60 et 70. Je fais les choses à ma manière, dans mon coin et ça marche plutôt bien !
Je constate que les professeurs forment de moins en moins de très bons judokas, et que eux-mêmes ils ne durent pas très longtemps dans le judo. Certains pensent à leur grade, à leur petite part de gloire. Moi je me suis lancé dans le judo parce que j'avais envie de construire sur la durée, parce que j'y croyais...

* Le Gambetta
1 étoile au guide Michelin
Chef : Mickael Pihours
www.restaurantlegambetta.fr



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