Ludovic Delacotte : « Plus en phase avec le fonctionnement »

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Vie des clubs et des régions / jeudi 10 juillet 2014 /


Après 20 années passées au sein du Judo Club de Maisons-Alfort, Ludovic Delacotte a renoncé récemment à ses fonctions d'entraîneur. Retour sur son parcours et sur les raisons de son départ.

Du tapis à la chaise
Ludovic Delacotte met un terme à sa carrière en 2001 à une époque où la catégorie des moins de 66 kg est dominée par Larbi Benboudaoud, tout juste vice-champion olympique à Sydney en 2000 et champion du monde l'année précédente à Birmingham. Malgré ses bons résultats individuels, les blessures et l'envie de découvrir autre chose l'amènent à raccrocher le kimono à l'âge de 27 ans. Très vite, il est sollicité par le Judo Club Maisons-Alfort, où il est licencié depuis 1994 : « Je devais récupérer le groupe élite masculin, car Stéphane Frémont quittait le club afin d'intégrer le staff national ». Sa mission, accompagner les athlètes aussi bien en préparation physique que pour le travail technique et le suivi des séances de randoris à l'INSEP. 

Pendant quatre ans, il évolue exclusivement avec les hommes, mais le départ de Corine Devy en 2005 change la donne : « Corine Devy, l'entraîneur des féminines quittait le club pour rebondir dans une autre structure. A ce moment-là, le club m'a proposé de gérer à temps plein les filles et les garçons». La mission s'avère prenante et elle nécessite un engagement total ainsi qu'une organisation très précise : « Souvent dans le fonctionnement, c'était des séances individualisées avec les filles le matin. Je partais ensuite à l'INSEP pour les garçons. En début d'après-midi, j'enchainais sur des séances physiques ou techniques avec les masculins, puis retour à l'INSEP pour la séance randoris filles ».

Des journées éprouvantes, des week-ends chargés... mais les efforts payent et le JCMA parvient à s'illustrer sur le plan national et international. Le titre européen de Yacine Douma, ou l'éclosion de Dimitri Dragin, viennent récompenser le travail effectué avec les garçons. Chez les filles la consécration arrive en 2013 avec le titre de championnes d'Europe des clubs. Une performance qui lui a valu de recevoir le trophée de l'Entraîneur de l'année 2014 lors de la dernière Assemblée Générale de la FFJDA.

« L'absence de projet clair »
Mais derrière les résultats se cache une autre vérité, que les dirigeants eux-mêmes avaient commencé à percevoir depuis quelques mois. «Je ne me sens plus en phase avec le fonctionnement de la structure, et ce depuis plusieurs années. L'absence de projet clair a rendu mon départ inéluctable. » Sa volonté d'adapter le fonctionnement du club aux nouvelles contraintes du haut-niveau n'a sans doute pas trouvé l'écho qu'il souhaitait au sein d'une institution au fonctionnement rôdé par des années de présence parmi l'élite.

La routine, le sentiment d'avoir donné tout ce qu'il pouvait pour tirer le club vers le haut sont également des éléments qui ont influencé cette décision qu'il qualifie pourtant de « purement personnelle ». Pas de regrets, mais déjà un peu de nostalgie au moment d'évoquer des souvenirs à jamais gravés : « Le plus beau c'est quand Yacine Douma devient champion d'Europe en 2002 après un parcours chaotique, c'était juste magnifique. La première médaille par équipe garçons avec un groupe jeune, à l'époque de Trompille, Andrieux, Dragin c'était également énorme. Et évidemment la Coupe d'Europe avec les filles c'est quelque chose de magique, une autre dimension. Pour terminer, la cinquième place aux Jeux Olympiques de Dimitri Dragin, c'était également très beau, très fort en émotions. »

Ses ambitions d'avenir
Pas encore sûr de vouloir se relancer tout de suite dans un projet club, ‘Ludo' ne souhaite pas tourner le dos au monde du judo et il est ouvert aux propositions. Devenir entraîneur national occupe forcément un coin de sa tête, « mais encore faut-il être choisi ». Alors pour l'avenir proche, il va probablement s'orienter vers le suivi individualisé et proposer un accompagnement aux athlètes licenciés en Province qui s'entrainent sur Paris. Quant aux judokas du Judo Club Maisons-Alfort il leur glisse un dernier conseil : « Partir pour partir cela ne sert à rien, il faut penser au projet. L'important c'est d'être clairvoyant par rapport à ses envies, sa motivation et l'engagement que l'on veut y mettre. Si tout est réuni à Maisons-Alfort pour réussir, il n'y a pas de raisons de partir. Dans le cas contraire, ils doivent prendre une décision qui leur appartient, et sur laquelle je ne veux en aucun cas intervenir, car cela ne me regarde plus ».

Un dernier conseil, un dernier merci à la municipalité qui a toujours soutenu le club, et ‘Ludo' peux tirer le rideau sur 20 ans de judo à Maisons-Alfort, sans heurts ni fracas, mais avec sans doute le goût de l'inachevé.



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