Nomura, retour gagnant... et après ?
Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / lundi 25 mars 2013 / source : alljudo.net
De retour à la compétition à 38 ans, Tadahiro Nomura a remporté ce week-end le Swiss open en moins de 60kg. Récit et commentaires.
Ca passe juste sur Adrien Raymond
Après un premier tour facilement négocié sur le Suisse Schaffer (morote-seoi-nage dans la 1e minute), le triple champion olympique passait un test probant au tour suivant face au vice-champion de France Adrien Raymond. Un peu impressionné, le judoka de Sucy laissait le maître lui donné la leçon et il se retrouvait mené wazari et yuko. L'arrivée sur la chaise de Stéphane Auduc -occupé avant cela sur un autre combat- allait sonner l'heure de la révolte. Raymond prenait l'ascendant physiquement, marquait wazari et il était tout prêt de marquer yuko à deux reprises. Coup de pouce du destin, ou indulgence des arbitres, Nomura touchait la jambe de Raymond sans être sanctionné, puis il profitait des risques pris par le Français pour lui asséner un ultime seoi-nage en fin de combat. Exténué, le Japonais ne le savait pas encore mais il venait de livrer son combat le plus difficile de la journée.
Emoussé, il disposait ensuite rapidement du Néerlandais Verhorstert en quart de finale. La demi-finale était plus accrochée, le Suisse Michale Iten, roi de la réchappe, ayant choisi de ne pas trop se livrer. Il s'inclinait tout de même d'un yuko après avoir été pénalisé à deux reprises.
La pause arrivait à point nommé pour le Japonais qui avait pris le temps après son combat comtre Michel Iten de regarder le Suisse Chammartin triompher du Français Le Boedec dans l'autre demi-finale. Avec son judo tout en déplacement et en sensation, la présence du Suisse en finale augurait d'un combat ouvert et intéressant à suivre.
Et effectivement il n'y allait pas y avoir de round d'observation. Ludovic Chammartin, porté par le public, lâchait les chevaux dès la première reprise de garde. Nomura n'était pas en reste et cette finale était plus que plaisante à regarder. Le Japonais multipliait les tentatives en seoi-nage à droite mais le gaucher Chammartin n'avait pas trop de mal à les contenir. Le chronomètre tournait, Nomura s'essoufflait, et la fin de combat semblait promise au Suisse qui se montrait de plus en plus pressant. En difficulté physiquement et mené d'un shido, Nomura trouvait les ressources pour sortir une attaque en ippon / o-soto-gari à gauche qui faisait mouche à une poignée de secondes du terme. A coup sûr la marque d'un champion.
La suite en août
Selon ses déclarations sa prochaine compétition devrait être les championnats du Japon « entreprises » qui auront lieu au mois d'août. La possibilité qu'il dispute les championnats du monde à Rio cette année est donc quasi nulle. Quant à un éventuel avenir olympique il reste très évasif : « mon objectif c'est de montrer qu'on peut encore être un bon judoka à 38 ans. Aux Jeux le niveau est tellement élevé et j'aurais plus de 40 ans, je ne peux pas me projeter aussi loin. Bien sûr si mon niveau me permet de réintégrer l'équipe du Japon, je serais très heureux d'y participer. »
Le rêve impossible
Malgré les années, la qualité technique et la vitesse d'exécution de Tadahiro Nomura n'ont pas pris une ride, notamment grâce à son extraordinaire relâchement. Sur ce point pourtant il pense pouvoir faire mieux dans les prochaines semaines : «Aujourd'hui j'étais très crispé, je l'ai ressenti au niveau des épaules où j'ai mis beaucoup de force et j'ai consommé de l'énergie inutilement. C'est un point sur lequel je vais travailler pour m'améliorer. »
Si on peut lui accorder une marge de progression à ce niveau-là, il est tout de même apparu en grand difficulté face à Adrien Raymond et dans une moindre mesure face à Ludovic Chammartin. En danger sur toutes les situations induisant un rapport de force (corps à corps, o-soto / o-soto...) il se serait sans doute fait punir par un judoka du top 10 mondial ou par un judoka au profil « rugueux de l'est ».
S'il parvient à progresser physiquement, ce qui reste une grande inconnue compte-tenu de son âge, il sera alors en mesure, sur une compétition, de battre des judokas de niveau mondial. La difficulté sera à ce moment-là de pouvoir en battre plusieurs sur la même journée pour obtenir une médaille ou un titre.
D'autre part on ne voit pas comment il pourrait redevenir durablement le numéro un japonais, et à plus long terme comment il pourrait espérer obtenir le quota olympique, avec un corps auquel il ne pourra pas demander des efforts répétés, et qui le limitera à disputer quelques compétitions dans l'année. C'est cette équation très complexe entre la nécessité de retrouver un statut de leader japonais, celle d'apparaître dans le haut de la ranking-list et le besoin d'économiser son corps, que va devoir résoudre le triple champion olympique s'il veut de nouveau tutoyer des sommets autres que ceux de la Suisse. Pas simple...
Sur ce que nous avons vu ce week-end, nous pensons qu'il peut encore réaliser quelques coups, sur un tournoi, sur un championnat national ou continental, mais qu'en revanche il a aura beaucoup de difficulté à redevenir l'un des leaders du circuit international. Plutôt que de fantasmer sur un quatrième titre olympique on se contentera donc de déguster chacune de ses prochaines apparitions comme autant de cadeaux faits à tous les amoureux du judo.
I am agree with the author. The point of the age is very important for atlethes, above all atlethes ready for Olimpic Games (but not only...)
Je ne suis pas d'accord: avec un exercice régulier, l'endurance et le cardio se regagnent bien à cette âge. Il ne faut pas nous enterrer! S'il le veut, il a toutes ses chances.