Championnats du monde seniors par équipes

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / dimanche 28 aout 2011 / source : alljudo.net


Les championnats du monde se sont terminés en apothéose pour l'équipe de France qui remporte la compétition par équipes chez les filles et chez les garçons.

Les garçons, la surprise du chef
Ils ne sont pas nombreux ceux qui auraient osé parier sur une victoire des garçons français aujourd'hui, et ils auraient été encore moins nombreux si on leur avait dit que Teddy Riner ne combattrait qu'en finale. En serait-il rester un seul à la lecture du tableau qui réservait aux Français, la Russie en quarts de finale, et le Japon en demi, pas sûr. Mais voilà dans les confrontations par équipes on sait souvent que le premier combat, celui qui qui donne le ton, et le dernier, celui du dénouement, sont décisifs. 

La France disposait aujourd'hui d'un Joker de luxe. Logiquement privé d'individuels faute de résultats, Dimitri Dragin a été le détonateur de cette équipe, celui qui enclenche la première, qui met tout le monde dans le bon sens. A son tableau de chasse du jour, le champion du monde japonais Ebinuma, le vice-champion du monde Brésilien Cuhna et le Russe Magomedov, tous battu par ippon, excusez du peu. Pour finir le travail, on attendait Teddy Riner, mais c'est Matthieu Bataille le guerrier de service qui s'y collait, le staff médical préférant ne pas prendre de risque avec la blessure à la main de Teddy. Le triple médaillé mondial marquait tout d'abord le point décisif face au Russe Sterkhov avant de donner la victoire à la France face au Japon en écoeurant le champion du monde open Kamikawa, dépassé mentalement. Entre le lourd et le léger, Ugo Legrand fort de son nouveau statut de médaillé mondial, Alain Schmitt et Romain Buffet ont su trouver l'énergie pour apporter leurs contributions respectives, souvent sur de petits écarts, mais qu'importe. Absent sur le tatami mais bien présent dans les tribunes dans un rôle d'aboyeur, Teddy Riner a mis lui même le bleu de chauffe pour apporter le dernier point victorieux dans la finale face au Brésil.

Les leaders féminines au rendez-vous
Quelques jours après avoir été championnes du monde, Gévrise Emane et Lucie Decosse allaient-elles pouvoir retrouver l'allant pour emmener cette équipe de France vers le sommet, telle était la question qui allait décider du sort des tricolores. Rapidement Emane trouvait son rythme de croisière, tandis que Lucie Decosse était un peu plus longue à l'allumage. Quoi qu'il en soit, elle remplissaient parfaitement leurs rôles respectifs, tout d'abord en remportant leurs combats, et ensuite un apportant de l'énergie pour l'une et de la sérénité pour l'autre. Dans leur sillage la jeune classe, composée de Gneto, Pavia et Mathé a répondu présente et elle s'est offert un titre mondial qui comptera pour elles après des individuels plus moins ratés.

Pour ou contre
Ces championnats du monde par équipes placés pour la première fois juste après les individuels ont eu lieu dans un Bercy archi-comble qui a vécu un vrai moment de bonheur. Pour le public c'est parfait car tous les meilleurs sont là. Pour les athlètes en revanche c'est compliqué : il faut se remotiver, réparer les blessures et repartir au charbon au moment où le corps et la tête réclament du réconfort. Résultat : ceux qui ont briller en individuel on eu du mal à reproduire le même niveau de performance aujourd'hui.
Toutes les équipes avaient-elles le même degré de motivation ? Pas sûr... La France, le Japon, la Corée et le Brésil ont joué le jeu. En revanche la Russie, et les pays de l'Est dans leur ensemble, n'ont pas affiché leur volonté habituelle.

Po, polo, popopo, po !
Un mot sur le public de Bercy qui a parfaitement rempli son rôle de sixième homme. Aujourd'hui le DJ n'a rien eu à faire, les spectateurs ont mis l'ambiance. Bruyants et chaleureux, ils ont chanté, fait la ola, entonné la Marseillaise, tout en restant dans les limites du fair-play. Qui a dit que le judo n'était pas un sport populaire ? France Télévision peut-être...


Magali Baton (médaillée mondiale en 1997, préparatrice mentale et dirigeante de la société Seika Coaching) :

'Globalement cela a été dure pour les médaillés mondiaux de se remettre dans le coup. Puis les tours passant la dynamique s'est crée, l'émulation est venue.
Au niveau des individualités il faut tirer un grand coup de chapeau à Matthieu Bataille, un combattant sur lequel on peut toujours compter en toutes circonstances. Il est un homme d'équipe. Pourtant aussi bien à Levallois qu'en équipe de France, il est dans l'ombre de Teddy Riner une situation peu évidente, qu'il accepte parfaitement.
L'autre grand monsieur de la journée c'est Dimitri Dragin. On sait qu'il est fort en équipes, j'attends la confirmation en individuel.'

Jérôme Heindric (entraineur de l'équipe de France masculine)
'Aujourd'hui on avait décidé de prendre des risques, ou tout du moins nos responsabilités. Si on avait été timorés on n'aurait peut-être pas gagné. Dragin devait nous apporter de la fraîcheur il l'a très bien fait en évoluant à un niveau qu'il n'a jamais atteint même en moins de 60 kg. Concernant Teddy, on a suivi l'avis du staff médical, et l'idée c'était qu'il ne devait pas combattre. Mais quand Matthieu est sorti de la demi blessé et complétement rinçé, il a compris. De lui même il est parti se faire strapper, et il même s'il n'était pas chaud il a fait ce qu'il fallait pour ses potes.'

Christophe Massimino (entraineur de l'équipe de France féminine)
'Ce n'était pas facile redémarrer, de retrouver de la motivation, notamment pour Gévrise et Lucie. Je pense que les déclics sont venus avec la victoire de Automne Pavia au premier tour sur la Brésilienne Rafaela Silva, vice-championne du Monde, puis au tour suivant avec la victoire de Gneto sur l'Algérienne Haddad. Là on a compris qu'on était dedans.'

Notre consultant Christian Chaumont (entraineur du Levallois SC) :
'On a vu un bel état d'esprit au sein des équipes. Cette culture d'équipe, c'est quelque chose que nous cultivons à Levallois, et je pense que nos athlètes en ont apporté un petit bout en équipe de France.' 

 


Le parcours des équipes de France

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